29 janvier 2016

Tongariro Alpine Crossing : une marche à travers le Mordor



Jour 153
Jeudi 12 février


Aujourd'hui, c'est le jour du
TONGARIRO ALPINE CROSSING
ou l'une des étapes que j'attendais le plus. Attention : débandade de photos.




Le Tongariro Alpine Crossing, c'est quoi ?
Il s'agit de l'une des neufs Great Walks néo-zélandaises, des treks dans les endroits les plus beaux du pays, certains même classés parmi les plus beaux du monde. Le Tongariro Alpine Crossing, comme son nom l'indique, est un trek de 20km traversant la chaîne volcanique du Tongariro, au cœur du parc national du même nom. C'est l'un des seuls (sinon LE seul) trek à être faisable en une journée, et c'est vraiment à faire, pour plusieurs raisons : 1- le Tongariro, c'est le Mordor dans le Seigneur des Anneaux, 2- on n'a pas tous les jours l'occasion de marcher au milieu de volcans actifs, 3- les paysages sont à couper le souffle et 4- c'est gratuit ! à condition d'avoir deux voitures, mais j'y reviendrai à la fin de l'article. Bref, c'est à faire et, contrairement à ce que disent les panneaux et les gens qui veulent te faire peur, c'est parfaitement accessible à tout le monde ayant deux jambes en état de fonctionnement. Il est conseillé d'être sportif, évidemment, parce que c'est pas de la tarte, mais je l'ai fait, le boudin l'a fait, et on est loin d'être des exemples en terme de forme physique. Le plus important c'est d'avoir de la volonté, ou quelqu'un pour te donner des coups de pied au cul.


Mais d'abord, un petit intermède de lose.
Quand une pluie de verre brisée s'est abattue sur nous, à cause de Dawn qui a fermé la fenêtre du toit comme une bourrine. Retour à Whakahoro (heureusement, on était à deux doigts de traverser le pont de la mort pour rejoindre la route de la mort sur laquelle on ne peut pas faire demi tour) pour nettoyer tout ça et condamner la fenêtre avec les moyens du bord, des sacs poubelle. À 6h30 du matin, sportif. Big up à Karlyn, même double big up puisque nous ne sommes pas arrivés en retard au point de rendez-vous.


Voilà. 
Donc, une fois arrivées sur place, le boudin et moi entamons la marche comme absolument tout le reste du bus : en courant. Presque. 
C'est pas une blague. Un peu plus tôt, quand Karlyn nous a déposées pour prendre la navette, le chauffeur a été on ne peut plus clair : on a 7h30 pour arriver de l'autre côté, et pas une minute de plus. Passées ces 7h30, la navette part sans nous, on l'a bien profond et notre porte-feuille aussi puisqu'il faudra payer 200$ pour qu'on vienne nous chercher. Ça, ajouté à la pression de "seuls les plus grands sportifs en sont capables", t'imagines bien qu'on était à peine flippées. Mais peu importe, je tenais à le faire, alors j'ai pris mon courage à deux mains, mon sac à dos, beaucoup d'eau, j'ai agrippé le boudin et on a littéralement rushé la première partie du trek.





Ce qui est bien, avec le Tongariro, c'est que la route est divisée en étapes de quelques kilomètres, qui donnent l'impression que c'est plus facile et qu'on avance vite. 
La première heure nous permet de relier la vallée de Mangatepopo à Soda Springs sur un terrain relativement plat avec un paysage pas "vraiment intéressant". On est passées de 1150m à 1400m d'altitude. On souffle cinq minutes, puis on repart, délaissant derrière nous la végétation.
La deuxième étape, Soda Springs - South Crater, est autrement plus raide : on gagne près de 400m d'altitude en trois fois moins de distance. On passe notamment par the Devil's staircases, les escaliers du diable qui portent très, très bien leur nom. En théorie, d'après le plan, on devrait mettre 40min. On met finalement une bonne heure, le temps de voir tout le bus nous doubler. On fait énormément de pauses, on est heureuses d'avoir sprinté la première partie si toute la suite est aussi difficile, et on en profite pour admirer le paysage parce que oh, hé, hein, bon. 
Le paysage en question ? Une plaine volcanique barrée de deux vieilles coulées de lave, et le mont Ngauruhoe en fond. Alias : le mont Doom.



La troisième étape, South Crater - Red Crater, est indiquée comme étant "moyenne à difficile", faisable en une heure. Sachant que la précédente étape était indiquée de la même façon, on serre les fesses mais en fait, non ! La bonne surprise, c'est qu'on traverse un grand désert parfaitement plat (le south crater en question), avec le mont Doom à droite qui nous domine. Mais, évidemment, ça ne dure pas : chaînes, chemin escarpé, on a 200m à gagner en même pas 1km. Et c'est rude. J'ai failli me prendre un vieux sur la tête, à cause du chemin glissant, mais on réussit à atteindre le Red Crater dans le temps imparti et même moins, à savoir 1h. Et depuis là... 


Lâchez l'anneau monsieur Frodon !
Le Red Crater. Au centre, l'arrivée de lave lors des éruptions. Tout autour, de la pierre oxydée. Une forte odeur de soufre et un panorama de fou furieux.
SYMPA LA VUE.
On vient de là.

À ce moment-là, on a atteint le point le plus haut du trek, 1884m d'altitude, et également sa moitié. Ce qui veut dire qu'en cas d'éruption volcanique surprise, c'est plus la peine de faire demi-tour, il faut courir (oui) droit devant sur les 10km restant. Et bon courage, hein, lol.





Ce qu'on ne sait pas, c'est qu'en fait, l'étape la plus difficile est devant nous : celle pendant laquelle on doit descendre le Red Crater pour rejoindre les Emerald lakes. SURPRISE, C'EST RAIDE ET C'EST SUPER ÉTROIT. À droite, le Red Crater dans lequel il est fortement recommandé de ne pas tomber, à gauche, le vide dans lequel tu ne veux pas tomber. Et pour corser un peu tout ça (quel intérêt, sinon), le sol est carrément instable. C'est très simple, le chemin est tapissé de roches bien dures mais aussi de cendre volcanique, ce qui fait que pour descendre, il faut pratiquer un mélange de ski sans ski (tu suis ?) et de saut de cabri pour ne pas buter sur les cailloux planqués sous la cendre qui t'empêchent de glisser correctement. 



C'est étroit, hein ? Et le pire, c'est qu'il y a des gens qui MONTENT.


OU SINON, tu fais comme le boudin : une crise de tétanie. Et tu descends sur le cul, en riant et en pleurant à la fois.


Passée cette étape, euh, éprouvante, on décide de s'arrêter pour manger, parce qu'on le mérite, bordel. Et qu'en plus, la vue est parfaite, puisqu'on est juste au-dessus des Emeralds lakes.



Après ça, on échange nos chaussures, parce que le boudin ne supporte pas les siennes et que je suis gentille, globalement, puis on reprend la route pour une nouvelle étape jusqu'au Blue Lake, cette fois pratiquement plate. Le bonheur. On en profite pour admirer la gueule du Red Crater et réaliser à quel point la descente était raide et à quel point, dis donc, on était vraiment juste au bord d'un volcan.


Le Red Crater et sa belle gueule de volcan. Derrière, le mont Ngauruhoe commence à disparaître sous les nuages.

Puis, à mesure que l'on descend, on quitte peu à peu la zone volcanique pour regagner le parking, à 7km une distance intersidérale. Les genoux, les chevilles, les hanches, à peu près tout le bas du corps souffre de la descente mais, heureusement, le paysage nous réconforte puisqu'on a une vue imprenable sur des colonnes de fumée et surtout sur l'ensemble des lacs, au loin. On retrouve la végétation (et des toilettes !)(sèches), on poursuit la descente qui se conclue sur une inteeeeerminaaaaaaable forêt quand TOUT À COUP, le parking apparaît sans crier gare.

Verdict : on a mis 6h40.
Et le chauffeur de la navette, en arrivant, nous offre UNE BIÈRE. Fraîche. La meilleure bière de ma vie, putain.








Avant de faire le Tongariro Alpine Crossing :
  • En été, il n'y a pas besoin de guide, tu peux donc y accéder gratuitement, aucun permis n'est requis. 
  • Il est conseillé d'être un minimum sportif si tu veux bien vivre l'expérience, c'est répété partout et ça fiche facilement la trouille. Ceci étant dit, moi, je l'ai fait avec une polyarthrite non traitée, qui me butait les pieds, les chevilles, les genoux, les épaules et les mains et j'ai survécu. Et j'étais pas particulièrement fit à ce moment-là, au passage. Donc c'est accessible à tous, vraiment. Même le boudin l'a fait.
  • On lit, des fois, que c'est faisable en Converses. LOL, NON. Comme je l'ai dit plus haut, le sol est meuble, ça glisse, ça s'éboule, y a des passages avec des chaînes pour s'accrocher et les 9km de descente sont déjà un supplice avec des bonnes chaussures, alors sans...
  • Je disais que ce trek était gratuit. À une condition seulement : y aller avec deux voitures, une au début, une à la fin. Sinon, un service de navette est disponible, mais ces navettes ont un inconvénient majeur, en plus de leur prix franchement abusé : une fois posé au point de départ, on te laisse 7h30 pour arriver de l'autre côté. Sinon ? Tu l'as dans le cul, la navette part sans toi et tu dois payer un méga supplément pour la prendre la suivante (voire, payer 200$ si ta navette était la dernière et qu'il faut envoyer quelqu'un juste pour toi.) Ça peut être un problème, et ça empêche de s'attarder autant qu'on aimerait.
  • Prends suffisamment d'eau, au moins 2, voire 3 litres par personnes, car il n'y a aucun point d'eau sur la route.
  • Renseigne-toi sur la météo, et reste attentif à la nature qui t'entoure, parce qu'un volcan, ça peut entrer en éruption, et tu seras en plein milieu.
  • Toutes les infos à connaître sont disponibles sur le site officiel du TCA.


Encore une victoire de Super Boudin.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire