10 janvier 2015

Au pair - Bilan


LIBERTÉ



Après trois mois, trois longs et interminables mois (surtout la fin), est venu le temps de ma liberté. Et parce qu'il y a trois mois en arrière j'ai écumé les blogs pour en savoir plus sur la vie d'une fille au pair mais que je n'ai rien trouvé de méga probant, voici mon bilan à moi.


• Être au pair, c'est franchement planqué. 
Surtout si les enfants sont scolarisés. Y a rien de compliqué dans le job, tu te lèves en même temps qu'eux (ou quand les parents partent travailler), tu leur fais à manger, les aide à s'habiller, les emmène à l'école et aux activités extra-scolaires, tu joues avec eux, les aide à se laver et puis voilà. Tu t'occupes de l'entretien des chambres et de leurs vêtements aussi. 
Et comme à cet âge-là (5 et 9 ans) il faut leur apprendre plein de choses, ce sont elles qui rangeaient leur chambre, elles qui mettaient leurs vêtements sales dans la panière, elles parfois qui mettaient le linge dans la machine ou qui faisaient leur lit, qui vidaient le lave-vaisselle... et comme elles étaient deux, elles jouaient très bien sans moi, aussi. Bon, elles se battaient beaucoup, on va pas se le cacher. Au moment où j'écris, là, Zia vient de filer un coup de pied en plein dans le nez de sa petite sœur.  


• Être au pair, au début, c'est pas évident.
À la fin non plus d'ailleurs.
Parce que, s'il est dur pour une famille d'accueillir un parfait étranger sous leur toit, il est tout aussi dur d'arriver seul-e au milieu d'une famille qui ne fonctionne pas forcément à ton rythme, avec ses habitudes, ses règles, ses travers. Et quand ça ne va pas, tu ne peux pas vraiment faire de break. C'est pas comme au boulot où tu peux rentrer chez toi après et te changer les idées. Là, les deux sont mélangés, tu manges avec eux, tu regardes la télé avec eux, tout se fait en fonction d'eux et sincèrement, niveau intimité ou quand on est quelqu'un de très indépendant et solitaire comme moi, ça a très vite fait de devenir pesant, puis insupportable. Au début on est poli, on passe beaucoup de temps avec les parents et tout le monde pour parler et apprendre à se connaître, on regarde la télé tous ensemble, et puis on s'habitue à la routine mais à force... Mes trois dernières semaines ont été les plus pénibles. Je luttais pour ne pas aller m'enfermer directement dans ma chambre et me rouler en boule sous la couette en priant pour que le temps accélère. 

Alors, bien sûr, des breaks on peut en prendre. Le week-end, par exemple, je me ruais dehors et je passais souvent la journée à traîner à droite et à gauche quel que soit le temps, à Auckland ou ailleurs. Même sans endroit précis où aller, ça fait juste un bien fou de se retrouver seule à faire tout ce qu'on a envie de faire, même si ça n'inclue évidemment pas "larver sur l'ordinateur tout en étant affalée dans son lit", mon activité préférée.


• Normalement, quand t'es au pair, t'as une Nanny-mobile. 
Pour pouvoir emmener les enfants partout au lieu de se cantonner à la maison et ses environs. C'est plutôt cool, tu peux aller les épuiser à la plage, te promener au centre commercial et faire une pause pour dévorer des muffins (c'est un secret entre nous les filles, ok ? Sinon vos parents vont nous gronder)... 
Sauf que moi, j'en avais pas, de voiture.
J'ai passé mes journées entières dans ce quartier, ce jardin, cette maison et RAAAAAAH QUARTIERS RÉSIDENTIELS DE MIERDA, Y A MÊME PAS UNE ÉPICERIE OU UN COFFEE SHOP À MOINS D'UNE HEURE DE MARCHE PUTAIN. De quoi faire péter des câbles, surtout quand il pleut. Heureusement pour moi, je dessine et j'écris. J'ai donc pu dessiner et écrire un max pendant que les filles étaient à l'école. Mais quand même. Je me demande comment font les filles au pair qui doivent rester un an, ça doit sembler tellement long.


• Si la partie "cuisine" te fait peur, relax.
On peut pas franchement dire que je suis un cordon bleu, et ça ils l'ont assez vite compris. Et tu sais quoi ? Ils s'en foutaient. Du moment que j'arrivais à faire équilibré et assez varié, ça allait. À moins de tomber sur des casse-couille ou mieux, sur des végétariens qui sont du genre à imposer leur régime à leurs enfants pourtant en bas-âge, ça va le faire. Grâce à ma maman et mes copines que j'ai appelé à l'aide, j'ai fini par avoir un joli éventail de trucs simples et rapides et équilibrés à faire manger aux petites.
En vrac : pâtes à la bolognese/à la carbonara, quiche lorraine, tarte à la tomate, poisson pané/haricots verts/riz, steak haché/pâtes/légumes divers, croques monsieur, risotto aux champignons, nuggets/petit pois carottes, flan de légumes, crêpes/galettes de sarrasin avec des œufs/du jambon/du fromage et de la salade, omelettes à n'importe quoi, salade composée avec du poulet grillé, escalopes panées, cordons bleus, lentilles, gratin de pâtes (ou gratin dauphinois), lasagnes/salade, patates sautées/œufs au plat, wraps (carottes, poulet, concombres, salade). Voilà. Et quand tu sais pas avec quoi garnir, tu rajoutes de la salade avec des olives, des tomates, de la fêta et des croûtons ou un mix de légumes (genre Bonduelle, là, petits pois carottes maïs chou fleur. Yum).


• Être au pair, c'est perdre ses repères pour en construire de nouveaux.
Mais il paraît que c'est pour ça qu'on est là, pas vrai ? Découvrir une nouvelle culture. Dans mon cas, pas de chance, ma famille n'était pas kiwi, mais Sud-Africaine immigrée en Kiliwie depuis trois ans, dont tous les potes sont Sud-Africains. Y a eu double-dépaysement, comme ça. Surtout niveau bouffe. Bordel, les pâtes c'est pas leur truc. Le riz un peu (la mère est Indienne ayant grandi à Singapour, donc le riz, voilà), mais toujours avec vachement d'épices. Jamais bu autant de lait pendant un repas.
À la longue, ça pèse. En théorie, dans le monde merveilleux des au pairs que les agences vendent aux intéressées, les familles sont supposées subvenir à tous tes besoins. Produits de toilettes aussi. Personnellement, je n'ai pas osé abuser. Coca, L&P, Nutella, crème fraîche, y a dû y en avoir trois fois en trois mois de boulot ici, et j'ose dire que c'est ce qui m'a sauvé de l'obésité. Oui parce que...


• Quand t'es au pair, tu grossis. Beaucoup.
Toutes celles que j'ai rencontré/avec qui j'ai parlé ont pris entre cinq et dix kilos en six mois. C'est ÉNORME (sans mauvais jeu de mots). Chance, j'en ai perdu deux. Un coup de la bouffe épicée, ça. Ou de mes coups de blues qui avaient le don de me couper l'appétit.


• Quand t'es au pair, t'as vite fait de te faire exploiter.
Tu deviens la femme/l'homme au foyer. En théorie (cette belle théorie, ahlala) tu ne t'occupes que des affaires des enfants. En pratique, tu cuisines pour toute la famille (normal), tu nettoies la maison, tu t'occupes du linge de tout le monde et, perso, tous les matins ou presque j'avais une petite liste de tâches ménagères, comme "vider et nettoyer les placards de la cuisine", "ranger les affaires de camping dans le garage", "faire les vitres"... Cendrillon, pour vous servir.
Et bon, on a beau bien définir les termes du contrat au début, ce qu'on fait et ce qu'on ne fait pas... va dire "non, je suis pas payée pour ça" à des gens qui t'hébergent dans leur maison. Perso, j'ai pas tenté, et de manière générale ça me passait le temps. La seule chose crispante, c'était de retrouver, tous les matins sans exception, une montagne de vaisselle sale dans l'évier qui attendait d'être mise au lave-vaisselle.


• Être au pair ne rend pas riche
À moins de ne rien faire du tout. L'argent de poche par semaine oscille entre 160$ et 240$ (100 et 150€), ça couvre les week-ends découverte, le cinéma etc. mais si tu pars en WHV avec peu d'argent et que tu espères renflouer tes caisses sur place, va plutôt dans le fruit picking ou la restauration. Moi ça va, j'ai fait des trucs à côté, comme bosser pour le festival Ragga Muffin ou continuer mon boulot d'illustratrice free-lance à un rythme moindre.


• Être au pair te permets de savoir si, réellement, tu veux des enfants ou non.
NON. J'en ai jamais voulu, c'est définitif je n'en voudrai jamais. Qui sera le premier à oser l'argument suranné de l'horloge biologique.


• Être au pair laisse, j'imagine, de très bons souvenirs.
J'ai adoré ces gamines, elles vont sans doute beaucoup me manquer et j'ai été très bien accueillie dans la famille, mais pour le moment je veux juste savourer ma liberté retrouvée.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire