27 octobre 2015

La péninsule de Coromandel - To Narnia !



• Jour 140
Vendredi 30 janvier

TO NARNIA !

Voici l'une des étapes que j'attendais avec le plus d'impatience (comme à peu près toutes les autres, mais chut) : la découverte d'une partie de la péninsule de Coromandel, réputée pour être l'un des plus beaux endroits de l'île nord, à tel point que de nombreux tournages y ont eu lieu. Comme, eh bien, Narnia, ou encore le clip de "Can't hold us" de Macklemore.

Le bus de 7h20 fait bien mal mais, après trois heures de route dans la Comté au travers de paysages époustouflants, on arrive enfin dans le petit village de Hahei, ses 50 habitants à tout péter et son petit café/supérette et c'est tout. Et là, pouf, coup de foudre. Cet endroit est fabuleux. Un petit coin de paradis perdu aux allures de pays imaginaire, tant l'eau y est bleue, l'ambiance paisible et le paysage atypique. Des multitudes d'îlots parsèment l'océan devant nous, énormes rochés plantés dans l'eau.

Le backpackers ressemble davantage à un logement chez l'habitant, avec ses deux chambres et son petit jardin, sa fontaine et sa terrasse remplie de gros fauteuils moelleux. Et effectivement, la cuisine se trouve à l'étage, qui s'avère être également le lieu de vie des propriétaires, deux retraités sympathiques et bavards qui tiennent à ce que tu ne loupes rien de leur magnifique région. Les lits sont d'un putain de confortable laisse tomber, y a pas de wifi mais on s'en bat allègrement les couilles, parce qu'en fait, on n'a pas spécialement envie de s'attarder à l'intérieur. Le temps est moyen, un peu grisonnant, mais vu que maintenant je maîtrise la Nouvelle-Zélande et son climat impossible, t'inquiète que c'est pas la peur de la pluie qui m'arrête.



Départ pour Narnia, donc, aka Cathedral Cove, à environ 1h30 de marche de là.
Parce qu'aller à Narnia, ça se mérite, le parking le plus proche se situe à 45min à pied de la plage, après quoi on est obligé d'emprunter un petit chemin qui longe les falaises surplombant les différentes baies, au milieu d'une végétation tropicale qui crépite de vie, sans oublier bien sûr de constamment monter et descendre.

Cathedral Cove est un endroit vraiment très chouette, qui ne ressemble à rien de connu et qui, étonnamment, n'était pas trop bondé. On a eu tout le temps qu'on voulait pour prendre des photos de la grotte et de son rocher si connu, de s'extasier sur nos selfies pourris à contre-jour, de s'abriter de la pluie (c'est bien pratique une grotte à côté de la plage, dis), avant de passer de l'autre côté pour se baigner dans les eaux turquoise.
Inutile de dire que ça en valait la peine, malgré la pluie, qui s'est finalement arrêtée, malgré les touristes chinois arrêtés en plein milieu d'un escalier étroit sans voir le problème, et malgré le soleil qui nous a bien cramé la gueule dans l'après-midi, alors qu'on jouait négligemment dans des énormes vagues, en luttant contre elles comme quand on avait dix ans. (le boudin a perdu son maillot de bain)(haha). J'ai d'ailleurs un boudin de compagnie brûlé au deuxième degré, carnation lavabo le retour de la vengeance. 

On s'est baignée là. Posey.

Le retour a été bien plus rapide, une grosse demi-heure, le temps de brûler une deuxième fois en passant par ce fabuleux raccourci qu'on avait pas vu. Le soir, c'est chill sur la plage en profitant du vent frais, étalage d'aloe vera sur les cloques du boudin, film et, surtout pâtes au thon, parce que ça fait quatre putain de mois que j'en ai pas mangé et que ça me manque.





• Jour 141
Samedi 31 janvier

HOT WATER BEACH

Hot water beach, si tu ne connais pas, c'est une plage assez particulière puisque, grâce à l'activité géothermique très forte, il suffit de creuser le sable pour obtenir une piscine d'eau chaude, un petit spa personnel et gratuit. Trop cool, non ? Alors forcément, on devait y aller. Et ce fut un epic double fail, déjà parce que le service de bus dont parlent les sites internet n'existe que pendant les vacances scolaires et... qu'elles s'étaient terminées une semaine avant, et ensuite parce que, le temps qu'on réfléchisse à une solution, la marée était remontée. Or, pour que ça marche, il faut creuser le sable à marée basse. 
On s'est retrouvée bien con.

Mais, d'un autre côté, c'est pas bien grave, puisque Cha (le boudin, ndlr) est tellement brûlée sur les épaules que se remettre au soleil est hors de question pendant au moins, pfou, dix mille ans. Alors tant pis, on se pose gentiment sur la plage de Hahei pour se repaître du paysage (avec une veste) et observer des oiseaux protégés et leurs poussins, qui fouillent le sable et agressent les mouettes quand elles ont le malheur de s'approcher trop près.

Une petite bière du Coromandel au bar du coin, avec un arrière-goût de fruit de la passion, en guise d'apéro, puis la pluie nous rattrape et nous rabat au backpackers. Demain, retour sur Auckland pour deux jours, le temps de chopper notre bus vers le reste de l'aventure.



BON À SAVOIR :

• Coromandel est une péninsule et, comme partout en Nouvelle-Zélande, tu peux pas y faire grand chose si tu n'as pas de moyen de locomotion. Nous on est venu avec Nakedbus depuis Auckland, sans doute la compagnie la moins chère, avec un très bon service. Par contre, une fois sur place, c'était nos pieds ou le stop. Inutile de dire qu'on a plutôt utilisé nos pieds.
• Pourtant, le stop en Nouvelle-Zélande, il paraît que c'est très facile. À condition qu'il y ait du passage sur la route, évidemment, et selon l'époque, à Coromandel c'est pas gagné.
• On logeait au Fernbird backpacker, qu'on a vraiment adoré ! On était pas forcément venu à Coromandel pour faire la fête et rencontrer des gens, donc être les seules locataires à ce moment-là ne nous a pas gêné le moins du monde, au contraire. Puis il est à deux pas de la plage.
• Si tu veux aller à Hot Water beach, sois plus malin que nous et vérifie les horaires des marées avant d'essayer d'y aller. Sinon, tu découvriras juste une plage comme les autres. Une jolie plage, certes.
• Peu importe où tu veux aller boire une bière, même si c'est le fin fond d'une péninsule paradisiaque, on te demandera toujours une pièce d'identité.
• Cathedral Cove est également accessible aux personnes à mobilité réduite, via un water taxi. Ca coûte un peu cher et c'est pas l'organisation la plus évidente du monde, mais si tu es dans ce cas, sache que cet endroit merveilleux n'est pas hors de ta portée. Et ça, c'est cool.
• Toutes les infos essentielles sur Coromandel sont rassemblées ici.







Auckland - cette ville est géniale, en fait.

• Jour 138
Mercredi 28 janvier (2015 - oui je sais, j'ai pris mon temps avant de revenir dans le coin.)

Réveil aux aurores pour le Boudin — vive le décalage horaire — et donc pour moi aussi. Un café et une clope en main pour elle, un éternel chocolat chaud pour moi, direction la Sky tower, où on voit le monde en tout petit. Je l'avais déjà faite, au tout début de mon séjour ici, mais avec le boudin, c'est pas pareil et, surfruise, cette fois j'ai carrément marché sur le sol vitré sans fermer les yeux. Bim, vertige vaincu.

J'avais dit que j'investirais dans un selfie stick pour l'Australie. Bah il a bien servi.



Meanwhile, dans la rue. Normal.


Un détour par le magasin le plus incroyable de la ville, rempli de goodies, de trucs de geek, de livres et de vinyles, le boudin dégote son saint Graal en la découverte du White Album des Beatles — parce qu'on a tellement de place dans nos toutes petites valises. 

À peu près dix mille heures plus tard, on ressort dudit magasin pour reprendre notre montée de Queen Street en direction de la fameuse K'road, de son vrai nom maori impossible à retenir Karangahape road, l'endroit un peu euh, alternatif d'Auckland, le paradis des friperies, des tatoueurs et des punks à chien, pour continuer en direction du quartier de Ponsonby, à la recherche du prétendu "meilleur fish&chips d'Auckland" qui s'est avéré être... fermé. Bisou.
Quel dommage, on a fini par atterrir juste à côté, dans un petit truc qui s'appelle MURDER BURGER et c'est un orgasme des papilles mes amis ! Je recommande plus que chaudement. Jamais mangé de burger aussi bon de ma vie.


Après ça, parce qu'on a quand même beaucoup marché et que le boudin fatiguait un peu (12 hours jetlagged, bitch), on est rentré s'échouer au Queen Street backpackers, qui est au passage super bien, notamment parce que la wifi y est gratuite. Et ça, comme on l'a découvert plus tard, c'est quelque chose d'exceptionnel et précieux.






• Jour 139
Jeudi 29 janvier


Réveil en douceur vers 8h30, le temps d'aller se chercher un petit déjeuner Muffin Break pour le manger à Albert Park, un charmant espace vert perché sur un volcan éteint en plein centre ville, bondé de vieilles racailles de goélands prompts à te racketter. Après quoi on a décidé de se taper une petite marche vers le musée d'Auckland, (mais si tu te rappelles, j'avais déjà fait la même trois mois plus tôt à mon arrivée), via la #@%*$ de route vallonnée et le #@%*$ de parc en montée qui te fait cracher tes poumons. On pue Jacqueline, on pue. 
Mais, visiblement, quelques effluves corporelles malodorantes n'étaient pas du genre à arrêter ce vieux Kiwi complètement cuit qui confond le boudin avec Dakota Fanning — à moins que ça soit avec Channing Tatum, pas sûre, rien compris à ce qu'il racontait — et c'est après avoir un peu galéré pour s'en défaire qu'on a pu admirer la superbe devanture du musée, la vue sur la ville, la baie et le volcan Rangitoto... pour décider que, fuck le musée, allons plutôt prendre le ferry pour Devonport !


Devonport, c'est une petite ville de la banlieue proche d'Auckland, à laquelle on accède soit en voiture via le pont constamment bouché, soit en bateau via les eaux bleu pétantes avec vue imprenable sur la skyline du centre-ville.


Concrètement, y a juste rien à faire à Devonport, si ce n'est se promener au bord de l'eau en jouant à éviter les vagues qui sont déchaînées comme pas possible. C'est pas forcément l'endroit que je recommanderai le plus, soyons honnête, mais c'était sympa. C'était un chouette tour en bateau, en fait, sous un soleil radieux, avec le vent dans les ch'veux et surtout avec un boudin de compagnie.




Puis est venu le temps de la glande, posées nonchalamment de l'autre côté
de la fenêtre du backpackers, au niveau de la voie d'évacuation, avec vue sur Queen street.




Demain, départ pour la péninsule de Coromandel et plus précisément Hahei, soit... NARNIA.
Bitches.




23 janvier 2015

Australiiiiiiie — Oh non pas encore... — Bah c'est l'jeu ma pauv' Lucette.



• Jour 131
Mercredi 21 janvier


Surfers Paradise porte tellement bien son nom. Un petit coin de paradis où j’ai regretté de ne rester que trois jours.

Mais d’abord, revenons un peu en arrière.

Mes derniers jours à Sydney ont été longs. Pas chiants, dans ce pays ça doit pas être possible, mais les cafards, les douches pétées, le store de la chambre qui ne ferme pas, le voisin qui ronfle, j’avais hâte de partir pour ma prochaine destination.
Une fois que j’ai vu l’opéra, le centre ville, la plage et l’aquarium, j’ai passé beaucoup de temps à larver dans Hyde Park, en plein cœur de Sydney, à lire et à… rien. Faire. Du tout. D’où mon impression que le temps était long. En soi, c’était pas gênant et je kiffe quand même pas mal ma vie, mais je me suis retrouvée un peu désœuvrée sans savoir quoi faire d’intéressant qui ne me coûte pas un bras. 

Le dernier jour, le 17 janvier, je l’ai passé à la bibliothèque nationale, profitant de la clim et du wifi pour skyper un peu la France et écrire. Et, à 18h45, j’ai chopé mon bus pour Surfers Paradise, avec la compagnie Premier. Vu la gueule de leur site et leurs prix super bas, je me demandais encore sur quoi j’allais tomber, et c’est drôle parce que j’aurais pas cru qu’il pouvait y avoir des colonies de cafards dans un bus. 
EH BEN SI. PUTAIN.
Non mais, en fait, je pense que j’ai juste pas eu de chance. Parce que le bus d’aujourd’hui était très bien. Ça doit être le pays, ils se sont plantés en lui donnant son nom, ils auraient dû inclure « cafards » dedans. Le chauffeur était très sympa, le bus à moitié vide, j’avais pas de voisin, ce qui était plutôt cool étant donné que je devais passer la nuit là-dedans. Sans dormir, du coup, hein, parce qu’on sait jamais, des fois que j’avale des cafards ou qu’ils élisent domicile dans mes cheveux. 
C’est sous la lumière dorée du soleil couchant que j’ai quitté Sydney par le Harbour Bridge, m’offrant une dernière vue sur l’opéra et la city et puis… et puis Fleetwoodmac dans les oreilles, j’ai pas lâché mon sourire béat jusqu’au stop de 23h.

Je crois que j’adore les voyages en bus. Avec ou sans cafards. Surtout sans, en fait, et avec la musique dans les oreilles. J’ai vu des paysages incroyables défiler, des étendues de verdure à perte de vue, le célèbre bush australien enflammé par la lumière du soir, sans rien au milieu qui laisse deviner qu’il y a de la civilisation dessous. Ah si, attendez, un panneau MacDonald’s dépasse, là-bas. Ça m’a donné une furieuse envie de dessiner, mais bien sûr, mon carnet à dessin ne rentrait pas dans mon sac à dos. À la place, je me suis repassée les deux premiers tomes de Tomorrow en calquant certaines scènes des livres sur le bush que je voyais défiler en me disant que, quand même, j’ai vraiment une putain de chance d’être ici.

Ensuite j’ai découvert mon premier cafard, mon enthousiasme est retombé direct, j’ai passé une nuit abominable en essayant de ne pas baver sur mon sac à dos, à 7h j’ai sauté sur un énorme chocolat chaud qui m’appelait en dansant en bikini au milieu d’une nuée de cacatoès bruyants, puis à 11h je suis arrivée à Surfers Paradise. Enfin, à 10h. Mais y a une heure de décalage horaire entre la Nouvelle Galles du Sud et le Queensland et je sais pas pourquoi. Tu passes la frontière et pouf pouf, une heure en moins. Ce qui fait qu’en plein été, il fait nuit avant 19h. Je trouve que c’est un peu la dèche, dans un endroit pareil.

Il faisait TELLEMENT CHAUD. Dans le genre étouffant, très humide, à peine avais-je mis un pied hors du bus climatisé que j’étais déjà trempée de sueur. Impressionnant. Heureusement, mon backpackers n’était pas loin et, bien qu’il soit trop tôt, je suis allée abandonner mes sacs, enfiler mon maillot de bain puis j’ai filé à la plage.




Et. J’ai cramé.
ALORS NON, JE SAIS CE QUE VOUS ALLEZ DIRE ET JE NE VOUS PERMETS PAS.
Oui, j’avais mis de la crème. Je suis pas inconsciente non plus, surtout avec ma carnation lavabo, j’avais généreusement tartiné l’ensemble de mon corps à l’indice 50+ dès mon arrivée sur la plage, mais ça n’a pas suffi. Après une heure allongée sur ma serviette, entrecoupée de quelques allers-retours dans l’eau turquoise et transparente qui rend la détection des grosses méduses très facile, je suis finalement allée récupérer mes clés, prendre une douche et… découvrir mes brûlures. Oui, mes brûlures. Vous savez, quand vous vous tartinez de crème solaire, y a ces endroits, aux abords du maillot de bain, qui sont toujours moins gâtés. Voilà, là. Tout le contour du maillot de bain. Au moment où j’écris, là, soit quatre jours plus tard, j’ai plein de petites cloques qui crépitent quand je passe le doigt dessus. C'est dégueutant. Ou dégoulasse.

Mais bon, ça ne m’a pas empêchée de passer les journées suivantes à glander dehors, sur la plage, sur le front de mer qui est aussi le centre-ville avec même un centre commercial, et OH J’AI LA MARQUE DU SHORT ET DES TONGS HAHA, TROP BIEN.
Le deuxième jour, on a eu droit à un phénoménal orage tropical, avec le vent, le tonnerre et les éclairs, et surtout l’occasion d’aller refaire la pub Tahiti douche dans la rue. Mais parce que, faut pas déconner, on est à Surfers Paradise, il a refait beau dès le lendemain.

L’auberge en elle-même était juste géniale. Ouverte de partout, pleine de gros canapés moelleux et défoncés, de murs graphés, ma chambre avait un balcon, et on avait un petit salon pour chaque étage avec sèche-cheveux, lisseur et produits de soin capillaires fournis. Des matelas épais et confortables, des ventilos au-dessus des lits, la wifi, un grand écran LCD avec une tonne de films (note : ne pas regarder Taken quand on voyage seule), des soirées barbecue ou pizza à volonté, un staff qui fait le tour des gens pour savoir s’ils veulent venir boire un coup en ville en groupe… tout ça d’une propreté impeccable, oh et y avait même une petite piscine. 

Et les gens, ici, étaient bien plus détendus qu’à Sydney, qu’à Auckland ou encore qu’à Brisbane où je viens d’arriver. Et c’est tellement agréable de se retrouver dans un endroit qui n’est pas le lieu d’atterrissage de tous les nouveaux arrivants en WHV ! L’ambiance s’en ressent, et de loin. Tout le monde se parle comme s’ils se connaissaient depuis des mois, partage sa bouffe en trop, le vin, pas les clopes parce que LOL le prix, c’est GÉNIAL. 

J’ai tellement regretté de devoir partir, je serais bien restée encore deux jours de plus. J’ai adoré cet endroit, que ça soit la ville, l’auberge, les gens. Donc, ouais, Surfers Paradise mérite vraiment, vraiment bien son nom, et ça m’a fait vraiment, vraiment très chier d’en partir.




Hélas, ma réservation à Brisbane était non modifiable, c’est donc à contrecœur que j’ai repris le bus Premier pour un petit trajet d’1h30 vers la « capitale du soleil ». 
PFRRRT DU SOLEIL OUAIS. C’est la wet season par ici. J’ai débarqué sous la pluie. 

L’auberge est super chouette, par contre. Dans le même acabit que celle de Surfers Paradise, avec une piscine et un graaaand patio ouvert, un bar qui propose même de quoi manger le soir pour les feignasses de service, une navette gratuite qui t’amène vers le centre-ville toutes les heures. Mais, grande ville avec aéroport international oblige, ça regorge de nouveaux arrivants pas franchement causants et, surtout, prompts à laisser exploser leurs valises dans l’espace confiné de la chambre. 

Je sais pas vraiment ce que je vais faire de ces trois jours, honnêtement. 
Si, aller faire des câlins à un koala, mais après… J’ai très envie de retourner à Auckland. J’adore la Nouvelle-Zélande, à point dont je n’avais pas conscience avant d’arriver en Australie. J’aime ce pays, et je suis contente de l’avoir choisi pour y passer un peu de temps. Et puis, revenir à Auckland, ça signifie que le boudin n’est plus très loin. Et ÇA, les amis, ÇA DÉBOÎTE DU CUL.

AH, et y a pas la wifi. 
Eh ouais, on peut pas tout avoir. 







• Jour 132
Jeudi 22 janvier


Brisbane, capitale du soleil caché derrière les nuages, pfah c’te publicité mensongère, dis.
C’est armée de mon petit sac à dos, en short et tongs malgré la pluie (yféchauuud) que j’ai attrapé un bus pour me rendre à Lone Pine Sanctuary, le plus grand refuge de koalas du monde. Ils ont quelque chose comme 120 koalas, des vieux des jeunes du nord du sud, et, parce qu’on est dans le Queensland et donc, qu’on a le droit, ON PEUT LEUR FAIRE DES CÂLINS. Et accessoirement se faire prendre en photo avec eux.


Le refuge est assez petit en soi, loin des zoos ordinaires où tout est fait pour appâter le touriste, où tout est super cadré et… bon, vous voyez comment c’est un zoo, quoi. Ici, y a des water dragons qui se baladent d’un enclos à l’autre, les enclos des koalas sont ouverts de sorte que les soigneurs n’ont qu’à enjamber la barrière pour aller s’occuper d’eux, il n’y a personne pour surveiller la réserve aux kangourous. Tout, ici, est basé sur la confiance et le respect. Et d’ailleurs, à part quelques chinois qui ont couru après un émeu pour faire un selfie, tout le monde respecte les limites imposées. Dans la mesure où on a énormément de liberté comparé à ailleurs, c’est certes normal, ça n’en reste pas moins impressionnant, je trouve. Il n’y avait pas un gamin pour tirer les oreilles des kangourous par exemple, ou pour se lever sauvagement pendant la présentation des rapaces. 
De gros malpolis ceux-là, d’ailleurs, pas les gamins, les rapaces. L’équivalent de l’aigle doré dans Bernard et Bianca, là, n’a tout simplement pas voulu se poser sur le bras de son fauconnier et a préféré aller pêcher dans le lac d’à côté avant de rentrer. Donc on l’a pas vu de près. Mais vous savez quoi, c’est même pas grave. L’animatrice ramait, le fauconnier ramait et courait dans tous les sens, mais ça faisait partie du charme de l’endroit, et au final on était tous très contents d’être là, à admirer des gros oiseaux têtus.

Je tiens d’ailleurs à dénoncer un terrible mensonge :
Cody, il MESURE COMBIEN ? Parce que c’est juste impossible qu’il puisse monter sur le dos de cet aigle, à moins d’être de la taille d’un chaton. Disney, vous êtes des gros menteurs. Le plus gros rapace d’Australie, c’est lui : 

Et vous imaginez bien que là encore, Cody peut pas voler dessus.
Menteurs menteurs menteurs.


J’ai revu des ornithorynques et c’est toujours aussi impossible à photographier. J’ai aussi fait un tour dans le pavillon des reptiles, qui regroupe un spécimen de chaque serpent et grenouille du coin et devinez quoi, c’était l’heure du repas. 





Le temps est passé incroyablement vite là-dedans, je sais même pas comment j’ai pu y passer six heures en fait et… oui, quoi ? Les koalas ?
Here we go :

Accroche-toi fiston, y a une grognasse sur notre chemin.




Mais.
Surtout.





TADAAAAA !
Voici Rodney, un vieux koala qui aime beaucoup dormir. Rodney mon nouveau copain. Rodney le tout doux, Rodney le griffu, Rodney le ARUGNUUUUUUUUUH. 


Si vous voulez tout savoir, un koala, ça pue. Ça griffe sévère aussi, je sais pas si vous avez déjà observé de plus près la gueule des griffes de ces bêtes-là, c’est du genre crochu et aiguisé pour s’accrocher correctement aux arbres.
Mais c’est aussi tout doux. Vraiment super tout doux. Avec un poil très dense, très épais, qui s’apparente presque à de la laine. Et ça te fait des câliiiins. Parce que ça te prend pour un arbre. Dès que le soigneur te le mets dans les bras, en fait, le koala te voit comme un tronc et place d’instinct ses pattes autour de tes bras pour s’y accrocher. Le mien s’est d’abord agrippé à mon cou et on a fait un câlin de tête ROUGNOUGNOU avant qu’on le place correctement pour la photo. Je me serais bien mise à courir pour le ramener à la maison *soupir*


Paie ton selfie-roo.



CE QUE JE CONSEILLE :
       • Le backpacker Sleeping Inn, à Surfers Paradise. J'ai eu un peu peur en arrivant, parce que la piscine a l'eau la plus glauque que j'ai jamais vu, mais ça s'est avéré être la meilleure auberge de jeunesse de mon passage en Australie. Et quand t'as l'océan Pacifique d'un turquoise limpide à cinq minutes, on s'en fout, de la piscine.
         • Lone Pine Sanctuary, à côté de Brisbane, est un zoo auto-financé uniquement grâce aux dons. Je vais pas répéter ce que j'ai dis plus haut mais, vraiment, je le conseille. L'entrée n'est pas excessive (24AUD au lieu de 35 avec la carte de membre YHA international) de même que la photo avec un koala, qui ne coûte que 18AUD (11€). Quand on sait que ça contribue à la vie du sanctuaire, c'est rien.

CE QUE JE NE CONSEILLE PAS :
         • Seaworld. Il y en a un sur la Gold Coast que l'on m'a recommandé plusieurs fois parce que "tu pourras voir de vraies orques" LOL NO. N'y allez pas. Jamais. Même si par un curieux hasard vous veniez à vous ennuyer en Australie.



16 janvier 2015

P. Sherman 42 Wallaby way Sydney



• Jour 124
Mercredi 14 janvier

SYDNEY. SYDNEY. SYDNEY.

Bordel de bite, j’adore cette ville. Pourtant c’était pas gagné. 
Après avoir passé une nuit difficile à l’aéroport d’Auckland sur-climatisé, subi des perturbations comme j’avais encore jamais eu dans l’avion, découvert des cafards dans la cuisine de l’auberge de jeunesse et ptet même des bed bugs, je me suis ruée dehors en me disant que l’Australie, on m’en avait dit que du mal niveau backpackers et bah ça se vérifiait et j’allais me taper un empoisonnement de la peau en deux jours, tiens.

Premier aperçu de l'opéra, houuuu.

Et puis j’ai découvert Sydney. 
The Royal Botanic Garden et ses myriades de plantes exotiques, de fleurs tropicales et colorées, ses cacatoès en liberté, ses kookabura que t’avais vu qu’au zoo de Beauval avant ça, ses… espèces d’ibis australiens énormes. D’ailleurs le kookabura ne fait pas du tout « kookaburrrrrraaaa », les zoos nous mentent. C’est plutôt de l’ordre du « Oookrraaaaauraaaaa » et c’est assez moche, comme cri.


J’ai passé mon premier jour en Australie à me promener. D’abord dans ces jardins merveilleux plein d’oiseaux exotiques (et d’araignées, mais j’y reviendrai), puis aux alentours de l’opéra. Cet opéra est incroyable. Et très photogénique, dis donc. Et l’ambiance est juste en totale opposition avec ce qu’on attend d’une grande ville.

Même quand on s’éloigne des quais, qui sont sans doute la partie la plus touristique. 
La ville est blindée d’espaces verts, eux-mêmes blindés d’Australiens faisant leur footing (je crois pas avoir jamais vu autant de mecs courir au mètre carré), d’installations cool comme un cinéma en plein air avec l’opéra de Sydney en fond... niveau détente, je crois qu’ils sont au top. 

Grosse feignasse.

Le taux d’ensoleillement doit bien jouer sur le moral aussi. C’est très simple, t’as l’impression d’être  constamment en vacances. Des glaciers tous les deux mètres, des « summer houses » décorées de grosses fleurs colorées et de musique hawaïenne en veux-tu en voilà, les palmiers comme arbres lambda, la chaleur, le soleil, les cris des mouettes et les cornes des bateaux en fond… 



Mine mine mine !


Niveau clichés, l’Australie remporte la palme de « ceux qui s’avèrent vrais ». Si à Paris on n'a pas vraiment le mec affublé d’un béret avec une baguette de pain sous la main à tous les coins de rue, ici, ils sont tous BLONDS. Tous. Et super bronzés. Et super bien foutus. S’ils passent leur vie sous des chaleurs pareilles, en même temps, ils doivent pas trop être conditionnés pour stocker les graisses, vous me direz. Et comment tu veux faire autrement que passer ta vie en short quand il fait déjà 25°C à 9h du mat.

Ah puis, pour ce que j’en ai vu aujourd’hui à Manly Beach, ils surfent tous. Comme des merdes pour certains, mais même.


Voici un water dragon. Ils sont en troupeaux un peu partout au bord de l’eau, si tu laisses de la bouffe sans surveillance ils viennent se servir. C'est des petits iguanes, en gros, et ils sont assez ridicules quand ils marchent.



J’avais un peu trente mille trucs à dire sur ces débuts de vacances mais j’ai encore tout mangé. Histoire de changer. Alors à part dire que c’est une ville incroyable qui m’émerveille à chaque coin de rue… 
AH. Si.


Je vous ai dit que j’étais dans l’auberge de jeunesse la plus délabrée du monde ? 
Les douche n’ont qu’une lumière, dont l’interrupteur pend au bout des fils à moitié arrachés. Le faux plafond s’effondre dans la douche du milieu, qui est d’ailleurs condamnée. La moquette des chambres est… euh… je me balade pas pieds nus, c’est pas d’un coup de shampooineuse dont elle a besoin, c’est qu’on la crame. Et puis hier, en faisant cuire mes pâtes, un cafard s’est tapé l’incruste pour savoir s’il pouvait en avoir un peu.
NOPE NOPE NOPE.

Bordel de merde, moi qui croyais que c’était qu’une légende, des auberges de jeunesse pareilles, mais non. Et le pire c’est que le staff le sait. Et le staff s’en fout. Le ménage est fait une fois par jour, voilà, ils y peuvent rien si les occupants sont irrespectueux au possible et ne nettoient pas derrière eux. 
Ils ont même pas tort, hélas. 
Après je serai tentée de dire que t’as pas envie de faire d’efforts dans un endroit où on en fait pas.

Certes, j'ai payé moins de 30AUD (soit même pas 20€) la nuit, mais je crois, sincèrement, que j'aurais préféré payer un peu plus cher pour un endroit un peu plus propre.





Aujourd’hui, après avoir pris le ferry pour Manly Beach et marché jusqu’à la petite plage de Shelly Beach où j’ai pu cramer (mais pas trop, crème 50+ wesh wesh) en me baignant dans des eaux turquoises et limpides, être revenue en mode grosse fatigue de n’avoir rien fait, j’ai eu l’extrême plaisir de trouver deux Allemands littéralement vautrés sur mon lit. Avec mes affaires dans leur dos pour les caler, leurs gros pieds dégoûtants sur mon oreiller et mes autres affaires par terre. MA SERVIETTE DE TOILETTE PROPRE PAR TERRE SUR LA MOQUETTE DÉGUEU. MON OREILLER SOUS LEURS GROS PIEDS. Putain mais c’te blague quoi. Pour une fois qu’il y avait des mecs dans mon lit, c’était pas de la bonne manière. Haaaaaa.


Mais entre le retour en ferry et l’arrivée à l’auberge (Elephant Backpacker à Wooloomooloo, si jamais vous cherchez une adresse où ne pas aller), je suis passée par mon raccourci préféré, à savoir les jardins botaniques ! J’ai même réussi à m’y perdre un peu pour explorer la partie « tropicale » du truc. 
Et devinez ce que j’y ai trouvé.


Allez, c’est pas difficile.

Ca commence par arai, ça finit par gnées.


Bingo.
PARTOUT.


Entre chaque arbre, chaque fougère, elles étaient là, tranquillement installées dans leurs immenses toiles franchement difficiles à louper. Certaines étaient plutôt discrètes pour ceux qui n’y faisaient pas attention (genre pas moi, t’inquiète, je les ai toutes cherchées, je les ai toutes vues). D’autres étaient absolument ÉNORMES. É-NORMES. Comme celle-là :




Voici sous vos yeux ébahis une golden orb spider. Les plus gros spécimens peuvent bouffer des petits oiseaux. Celle-là avec ses pattes, bien que je ne sois pas allée jusqu’à vérifier de près, doit faire la taille de ma main, son corps seul pas loin des 5cm. Oui, je me suis arrêtée pour la prendre en photo. Oui je saiiiis rohlalaaaa mais je vous signale que je fais de mon mieux pour combattre ma phobie, même si après j’ai eu la pire chair de poule de ma vie. Et qu'elle a duré une bonne dizaine de minutes.

Croyez-moi ou pas, je les trouve aussi fascinantes que dégoûtantes. D’ailleurs j’en ai vu d’autres, cinq ou six je dirais, dont une particulièrement intéressante qui possédait deux traits jaune fluo sur le cul. Sans doute sponsorisée par Adidas. Du coup me suis pas attardée, on sait jamais.
Non, pas de photo, mon appareil refusait de faire la mise au point dessus.


Je pense sincèrement qu’à mon retour, si je ne suis pas guérie de mon arachnophobie, j’aurais au moins fait un grand pas vers la guérison. 

D’ailleurs, je crois bien avoir vaincu le vertige. Hier j’ai traversé le grand pont (qu’on voit dans Ghostrider) et j’ai rien senti. 


Allez tchou, demain je vais à l’aquarium voir des ornithorynques et des lamantins.




• Jour 125
Jeudi 15 janvier

J'ai mal partouuuuut à force de marcher avec un sac à dos blindé et il fait chauuuuuuud, ma vie est nuuuuulle bouhou.

Alors du coup aujourd'hui je me suis traînée jusqu'aux quais Darling pour faire un tour à l'aquarium et voir des ornithorynques.




AGNRHEFBLEJBDELBDJGNUH que c'est MIGNON, bordel, c'est tout petit, ça a l'air tout doux et ça gigote dans tous les sens on aurait dit un... un... GASPARD. Histoire de pas changer, tous les animaux choupinet me font penser à Gaspard. Savez pas qui c'est Gaspard ?
Le chat de ma sœur. Qui s'apparente d'abord à un renard, mais aussi parfois à un avion (bien qu'un avion n'ait rien de choupinet), et là, en l'occurrence, à un platypus.
TROP. 
CHOU.
ARGH.

Et dans la famille beaucoup moins chou, les cafards sont pas seulement dans la cuisiiiiiine ! Non, ils sont aussi dans les douches, et oooooh dans les chambres !

YUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUKYUK.

Heureusement, demain, je pars pour le nord, direction Surfers paradise pour larver encore plus efficacement au soleil.



LES TROIS POINTS QUE JE RETIENS DE SYDNEY
     The Royal Botanic Garden : c'est gratuit, c'est grand, on s'y perd facilement et tu peux y observer des tas d'espèces rares, pour peu que tu y fasses un peu attention. Des araignées, mais aussi des oiseaux. Ça implique d'aimer au moins les oiseaux.
     Le Seaquarium de Sydney est un gros attrape touriste. Très cher, bondé et je n'ai pas trouvé les aquariums et bassins super bien entretenus. Alors certes on peut y voir des dugong, ces cousins des lamantins, qui ont inspiré le mythe des sirènes, et deux ornithorynques, mais pour le reste...
    Traverser the Harbour Bridge à pieds est, selon moi, quelque chose à faire, si tant est que tu aimes vagabonder dans les villes juste pour le plaisir de t'imprégner de leur ambiance. On y a une superbe vue sur l'opéra, et l'autre côté du pont a une ambiance radicalement différente. Plus chill. 

À ÉVITER
     The elephant backpacker, Wooloomooloo. Vraiment.


10 janvier 2015

Au pair - Bilan


LIBERTÉ



Après trois mois, trois longs et interminables mois (surtout la fin), est venu le temps de ma liberté. Et parce qu'il y a trois mois en arrière j'ai écumé les blogs pour en savoir plus sur la vie d'une fille au pair mais que je n'ai rien trouvé de méga probant, voici mon bilan à moi.


• Être au pair, c'est franchement planqué. 
Surtout si les enfants sont scolarisés. Y a rien de compliqué dans le job, tu te lèves en même temps qu'eux (ou quand les parents partent travailler), tu leur fais à manger, les aide à s'habiller, les emmène à l'école et aux activités extra-scolaires, tu joues avec eux, les aide à se laver et puis voilà. Tu t'occupes de l'entretien des chambres et de leurs vêtements aussi. 
Et comme à cet âge-là (5 et 9 ans) il faut leur apprendre plein de choses, ce sont elles qui rangeaient leur chambre, elles qui mettaient leurs vêtements sales dans la panière, elles parfois qui mettaient le linge dans la machine ou qui faisaient leur lit, qui vidaient le lave-vaisselle... et comme elles étaient deux, elles jouaient très bien sans moi, aussi. Bon, elles se battaient beaucoup, on va pas se le cacher. Au moment où j'écris, là, Zia vient de filer un coup de pied en plein dans le nez de sa petite sœur.  


• Être au pair, au début, c'est pas évident.
À la fin non plus d'ailleurs.
Parce que, s'il est dur pour une famille d'accueillir un parfait étranger sous leur toit, il est tout aussi dur d'arriver seul-e au milieu d'une famille qui ne fonctionne pas forcément à ton rythme, avec ses habitudes, ses règles, ses travers. Et quand ça ne va pas, tu ne peux pas vraiment faire de break. C'est pas comme au boulot où tu peux rentrer chez toi après et te changer les idées. Là, les deux sont mélangés, tu manges avec eux, tu regardes la télé avec eux, tout se fait en fonction d'eux et sincèrement, niveau intimité ou quand on est quelqu'un de très indépendant et solitaire comme moi, ça a très vite fait de devenir pesant, puis insupportable. Au début on est poli, on passe beaucoup de temps avec les parents et tout le monde pour parler et apprendre à se connaître, on regarde la télé tous ensemble, et puis on s'habitue à la routine mais à force... Mes trois dernières semaines ont été les plus pénibles. Je luttais pour ne pas aller m'enfermer directement dans ma chambre et me rouler en boule sous la couette en priant pour que le temps accélère. 

Alors, bien sûr, des breaks on peut en prendre. Le week-end, par exemple, je me ruais dehors et je passais souvent la journée à traîner à droite et à gauche quel que soit le temps, à Auckland ou ailleurs. Même sans endroit précis où aller, ça fait juste un bien fou de se retrouver seule à faire tout ce qu'on a envie de faire, même si ça n'inclue évidemment pas "larver sur l'ordinateur tout en étant affalée dans son lit", mon activité préférée.


• Normalement, quand t'es au pair, t'as une Nanny-mobile. 
Pour pouvoir emmener les enfants partout au lieu de se cantonner à la maison et ses environs. C'est plutôt cool, tu peux aller les épuiser à la plage, te promener au centre commercial et faire une pause pour dévorer des muffins (c'est un secret entre nous les filles, ok ? Sinon vos parents vont nous gronder)... 
Sauf que moi, j'en avais pas, de voiture.
J'ai passé mes journées entières dans ce quartier, ce jardin, cette maison et RAAAAAAH QUARTIERS RÉSIDENTIELS DE MIERDA, Y A MÊME PAS UNE ÉPICERIE OU UN COFFEE SHOP À MOINS D'UNE HEURE DE MARCHE PUTAIN. De quoi faire péter des câbles, surtout quand il pleut. Heureusement pour moi, je dessine et j'écris. J'ai donc pu dessiner et écrire un max pendant que les filles étaient à l'école. Mais quand même. Je me demande comment font les filles au pair qui doivent rester un an, ça doit sembler tellement long.


• Si la partie "cuisine" te fait peur, relax.
On peut pas franchement dire que je suis un cordon bleu, et ça ils l'ont assez vite compris. Et tu sais quoi ? Ils s'en foutaient. Du moment que j'arrivais à faire équilibré et assez varié, ça allait. À moins de tomber sur des casse-couille ou mieux, sur des végétariens qui sont du genre à imposer leur régime à leurs enfants pourtant en bas-âge, ça va le faire. Grâce à ma maman et mes copines que j'ai appelé à l'aide, j'ai fini par avoir un joli éventail de trucs simples et rapides et équilibrés à faire manger aux petites.
En vrac : pâtes à la bolognese/à la carbonara, quiche lorraine, tarte à la tomate, poisson pané/haricots verts/riz, steak haché/pâtes/légumes divers, croques monsieur, risotto aux champignons, nuggets/petit pois carottes, flan de légumes, crêpes/galettes de sarrasin avec des œufs/du jambon/du fromage et de la salade, omelettes à n'importe quoi, salade composée avec du poulet grillé, escalopes panées, cordons bleus, lentilles, gratin de pâtes (ou gratin dauphinois), lasagnes/salade, patates sautées/œufs au plat, wraps (carottes, poulet, concombres, salade). Voilà. Et quand tu sais pas avec quoi garnir, tu rajoutes de la salade avec des olives, des tomates, de la fêta et des croûtons ou un mix de légumes (genre Bonduelle, là, petits pois carottes maïs chou fleur. Yum).


• Être au pair, c'est perdre ses repères pour en construire de nouveaux.
Mais il paraît que c'est pour ça qu'on est là, pas vrai ? Découvrir une nouvelle culture. Dans mon cas, pas de chance, ma famille n'était pas kiwi, mais Sud-Africaine immigrée en Kiliwie depuis trois ans, dont tous les potes sont Sud-Africains. Y a eu double-dépaysement, comme ça. Surtout niveau bouffe. Bordel, les pâtes c'est pas leur truc. Le riz un peu (la mère est Indienne ayant grandi à Singapour, donc le riz, voilà), mais toujours avec vachement d'épices. Jamais bu autant de lait pendant un repas.
À la longue, ça pèse. En théorie, dans le monde merveilleux des au pairs que les agences vendent aux intéressées, les familles sont supposées subvenir à tous tes besoins. Produits de toilettes aussi. Personnellement, je n'ai pas osé abuser. Coca, L&P, Nutella, crème fraîche, y a dû y en avoir trois fois en trois mois de boulot ici, et j'ose dire que c'est ce qui m'a sauvé de l'obésité. Oui parce que...


• Quand t'es au pair, tu grossis. Beaucoup.
Toutes celles que j'ai rencontré/avec qui j'ai parlé ont pris entre cinq et dix kilos en six mois. C'est ÉNORME (sans mauvais jeu de mots). Chance, j'en ai perdu deux. Un coup de la bouffe épicée, ça. Ou de mes coups de blues qui avaient le don de me couper l'appétit.


• Quand t'es au pair, t'as vite fait de te faire exploiter.
Tu deviens la femme/l'homme au foyer. En théorie (cette belle théorie, ahlala) tu ne t'occupes que des affaires des enfants. En pratique, tu cuisines pour toute la famille (normal), tu nettoies la maison, tu t'occupes du linge de tout le monde et, perso, tous les matins ou presque j'avais une petite liste de tâches ménagères, comme "vider et nettoyer les placards de la cuisine", "ranger les affaires de camping dans le garage", "faire les vitres"... Cendrillon, pour vous servir.
Et bon, on a beau bien définir les termes du contrat au début, ce qu'on fait et ce qu'on ne fait pas... va dire "non, je suis pas payée pour ça" à des gens qui t'hébergent dans leur maison. Perso, j'ai pas tenté, et de manière générale ça me passait le temps. La seule chose crispante, c'était de retrouver, tous les matins sans exception, une montagne de vaisselle sale dans l'évier qui attendait d'être mise au lave-vaisselle.


• Être au pair ne rend pas riche
À moins de ne rien faire du tout. L'argent de poche par semaine oscille entre 160$ et 240$ (100 et 150€), ça couvre les week-ends découverte, le cinéma etc. mais si tu pars en WHV avec peu d'argent et que tu espères renflouer tes caisses sur place, va plutôt dans le fruit picking ou la restauration. Moi ça va, j'ai fait des trucs à côté, comme bosser pour le festival Ragga Muffin ou continuer mon boulot d'illustratrice free-lance à un rythme moindre.


• Être au pair te permets de savoir si, réellement, tu veux des enfants ou non.
NON. J'en ai jamais voulu, c'est définitif je n'en voudrai jamais. Qui sera le premier à oser l'argument suranné de l'horloge biologique.


• Être au pair laisse, j'imagine, de très bons souvenirs.
J'ai adoré ces gamines, elles vont sans doute beaucoup me manquer et j'ai été très bien accueillie dans la famille, mais pour le moment je veux juste savourer ma liberté retrouvée.






5 janvier 2015

Auckland : c'était la dernière séance et le rideau sur l'écran est tombé.




• Jour 115
Lundi 5 janvier

C'est drôle comme le nombre de jours passés ici augmente, dis donc. Quand je suis arrivée et que je les comptais péniblement, la centaine me paraissait teeeellement loin.

Je me rends compte que j'ai pas mal de choses à raconter mais, vu la chaleur ici et les filles promptes à se roter au visage ou à s'y envoyer des gnons, j'avoue humblement avoir un peu la flemme (et, en toute franchise, tenir des blogs me gonfle en fait.)(oui mais alors, tous les souvenirs et les anecdotes, tu t'en souviendras comment ?)(hinhinhiiiin, avec mon cerveau, gros malin) BREF.


Noël est passé. Un moment un peu étrange, un peu déprimant, que j'ai passé comme hors de mon corps avec l'impression tenace d'observer une scène de bonheur au travers d'un écran. On a beau dire qu'on s'entend bien avec les gens, ils ne sont pas notre famille. Par contre, ils sont une famille, et tu le sens bien le matin, à l'ouverture des cadeaux. Je me suis sentie très seule. Très exclue. Et, oui, j'avoue, j'ai pleuré quand j'ai ouvert une enveloppe avec un mot de ma maman dedans. 
Par contre, j'ai pas pleuré dans la matinée quand j'ai skypé la France et que j'ai vu ma famille ouvrir ses cadeaux. Ni quand ces gros crevards m'ont montré les miens joliment emballés avant de dire "bon, ben tu les ouvriras à ton retour !"

Heureusement, le reste de la journée ne m'a pas trop laissé le temps de m'apitoyer sur mon horrible sort (Noël en plein été en Nouvelle-Zélande, donc), puisqu'à 14h, direction la petite salle louée par le groupe d'amis de "ma" famille pour le lunch de Noël... qui s'est éternisé jusqu'à minuit. 


Je vous les avais pas encore présentés ! Tada ! Le papa, Zia, une meuf, Neha, la maman.


Pfrt... j'étais pas d'humeur. J'avais envie de parler à personne, parce qu'ils étaient tous heureux, attentionnés, blabla, et moi j'avais juste envie de rester collée à Skype ou, tiens, de faire un peu ce que je voulais pour changer ; au lieu de quoi je me suis retrouvée seule en bout de table pour faire manger Neha. Loin de sa sœur, parce que c'est à Noël, quand chacune convoite les cadeaux de l'autre, que ça se bat le plus, ces choses-là.
Je vous ai déjà dit à quel point je ne veux pas d'enfants ?

Et puis le champagne les parties de badminton aidant (hey, je suis plutôt douée à ce truc en fait), j'ai fini par me détendre du string et abandonner la peau d'ours des cavernes dans un coin pour me mêler aux discussions et aux jeux. Parce que oui, des quadragénaires, pour faire la fête, ça boit ET ça joue au rami. Et au badminton, et au Jenga, on a même failli faire un karaoké mais l'écran plat ne reconnaissait pas la console, l'éclate totale whouuuuu. Non mais avec du champagne, ça passe vachement mieux, j'vous assure.






Les selfies et le champagne, les meilleurs moyens de passer le temps.

Entre les entrées et le plat chaud (soit aux alentours de 17h), on a fait péter des crackers et surtout, on a procédé à la remise des cadeaux du Secret Santa... C'était assez sympa. Tout le monde a eu de jolis cadeaux, moi comprise, même si je ne sais pas de qui. Dans tous les cas, la personne a visé juste, puisque j'ai reçu une adorable peluche kiwi qui fait le bruit du kiwi quand tu lui presses le ventre, une étiquette à bagages New Zealand que j'aime autant qu'elle est kitsch et des marque-pages magnétiques. Ouais, bien vu Secret Santa.



Le lendemain, 26 décembre, direction le camping !

Réveil à 6h du matin pour aller prendre le bus (parce qu'avec toutes les affaires, il n'y avait plus de place pour moi... et tant mieux), en partance pour Tauranga, dans la Bay of Plenty, un endroit que je n'ai pas prévu de visiter avec le Boudin (DANS 20 JOURS HIIII). Je m'attendais à voir plein de paysages magnifiques durant mon trajet, et sans doute fut-ce le cas... 
J'sais pas. J'ai dormi tout le long. Pendant trois heures et demi. En même temps quelle idée de prendre la route un lendemain de fête... Mes courtes phases de réveil se sont apparentées à des rêves peuplés de collines verdoyantes que j'aurais adoré prendre en photo.

C'est pas du camping de romaine. (Si vous pensez que je suis horrible, pour
Neha, vous devriez voir ce qu'a fait son père des dix photos sous
plusieurs angles qu'il a prises...)


Le point absolument positif avec le bus, c'est que j'arrivais dans Tauranga central, et que le camping était à vingt minutes de là. Le temps qu'ils fassent la route (pour une raison inconnue ça leur a pris plus de temps), j'ai eu quatre heures rien qu'à moi pour me promener dans la ville et profiter du boxing day.

Le Boxing Day c'est quoi ? C'est un jour de méga braderie dans tous les magasins, qui survient le 26 décembre. Genre, tu trouves des cartes de Noël à 50cts à la place de 8$, ou encore un sac à dos plus grand à 25$ au lieu de 99$... ou encore des nouvelles baskets plus légères à 20$ au lieu de 40$. Oui, ça vaut le coup. 
Si vous avez tout suivi, je suis donc repartie avec un nouveau sac à dos plus grand (qui va m'être d'un grand secours en Australie puisque je ne pars qu'avec ça) et de nouvelles baskets plus légères et confortables que les sabots qui me tuaient les pieds que j'avais avant. 
Ah, puis je me suis achetée un pantalon moche, aussi.
Mais si, ces pantalons très légers, hyper fins, tout doux à la limite du pyjama, avec des imprimés absolument dégueu que même ta grand-mère n'en voudrait pas pour sa tapisserie ? Voilà, ça. Et le pire, c'est que je l'aime d'amour. Je ne le quitte plus, c'est tellement mieux qu'un jean. Moins bien qu'un short, ceci dit. Il fait tellement chaud ici, je passe ma vie en short, chose improbable quand on sait que j'ai toujours froid. Même l'été, en France, les shorts c'est juste pour aller à la plage. Eh ben pas là. Et merde à mes jambes blanches. (j'ai même la marque des tongs sur les pieds, guhuhu)(quoi, je m'extasie si j'veux, j'avais jamais eu la marque de mes tongs sur les pieds, le bas de mon corps n'a jamais bronzé de ma vie alors ta moule.)




Bref, en accéléré, ces vacances, que j'appréhendais beaucoup (le père est un homme naturellement stressé, c'est très lourd) se sont résumées à d'innombrables allers-retours aux toilettes et aux douches, d'interminables et délicieuses balades sur la plage pour profiter du vent frais, à la visite de toutes les piscines et sources chaudes du coin, à des barbecues de camping (gosh, la dernière fois que j'ai fait ça c'était en 2004 quelque part en Europe du Nord...), des soirées rami (oui...) et à des nuits sur un très inconfortable lit de camping qui me rendait toute grippée au réveil.
Et à l'ascension du Mauao, à Mount Maunganui, qu'on va plutôt appeler Mount Maunganui d'ailleurs, comme tous les touristes qui font l'erreur.



Le Mount Maunganui est un volcan endormi qui domine la ville de... Mount Maunganui (voilà l'origine de l'amalgame) de 232 mètres, au sommet duquel on a une vue imprenable sur toute la péninsule de Tauranga. C'était ce que j'attendais le plus en venant ici, monter au sommet.
C'était éprouvant, à cause de la chaleur à crever qu'il faisait (et des filles qui se plaignaient)(d'ailleurs j'ai fini l'ascension seule) mais tout le long de la marche, des paysages plus beaux les uns que les autres se sont succédés, remplis de moutons (ILS SONT LÀ, J'EN AVAIS PAS ENCORE VU), d'océan Pacifique et de Pohutukawas en fleur. J'ai eu beaucoup de chance de faire la montée à cette époque, parce que sur le volcan, les pohutukawas sont partout. C'était mirifique. Et rouge. Ma tête aussi était rouge, en témoignent les nombreux selfies ratés que vous ne verrez jamais. 

Un grand merci au vieux monsieur. Pour l'Australie, je m'achète un bâton à selfie téléscopique.


Et le 29, retour à la maison, toujours par bus, toujours en dormant sur la route. Non mais. Bon. 
Rien vu des paysages non plus à part la sortie de Tauranga, le temps de discuter un peu avec ma voisine, une néo-zélandaise d'une cinquantaine d'années qui supportait très mal l'absence de climatisation du bus... tant et si bien qu'à la pause, elle a acheté deux Coca : un pour elle, et un pour moi. WHAT. THE. HOLY. FUCKING. FUCK. Elle ne me connaissait pas, on a échangé trois phrases et deux sourires, elle sait que je suis Française et je sais qu'elle est allée huit fois en France, à Paris, en Bretagne et dans le Sud. Voilà. Et c'est suffisant pour un néo-zélandais de faire preuve d'un altruisme auquel je suis pas du tout habituée.



Le 29, c'était l'anniversaire du boudin. Boudinniversaire vieille branche, vingt ans putain.


Fululup, accélérons le temps eeeet nous voici au réveillon du nouvel an que j'ai passé toute seule à babysitter les filles (babysitting qu'on ne m'a pas payé, mais bon, je suis tellement dans un état "laissez-moi partiiiir" que j'ai même pas envie de me prendre la tête pour une trentaine de dollars) pendant que les parents faisaient la fête. Ça aussi, c'était déprimant. Heureusement, mes copines (pardon Aleks) qui faisaient le réveillon toutes ensembles m'ont skypééées et m'ont souhaité la bonne année, quand bien même il n'était que midi chez elles. C'était chou.

Le lendemain, ce sont mes copains de Suisse qui m'ont skypé à quelques minutes de l'heure fatidique pour faire un coucou à tout le monde et ça aussi ça réchauffait le cœur. Même si le Skype a été difficile à négocier parce qu'on avait besoin de moi en cuisine.

Vers 15h, il a fallu se rendre à l'after-nouvel an, au milieu des même quadra en pleine gueule de bois et... c'est là que j'ai été malade. Voilà, ça devait arriver c'est fait, à chaque fois que je termine un boulot/l'école/tout autre activité contraignante je tombe malade et ça m'est tombé dessus comme ça, pouf !
Dispensée de l'interminable soirée, dispensée de celle du lendemain.

Aujourd'hui, c'est le premier jour où je me sens mieux et, hasard ou pas, il correspond au jour où les parents ont fini leurs vacances pour reprendre le travail. 

Je dois avouer malgré moi que l'ambiance est lourde. Je ne sais pas si c'est uniquement dans ma tête ou pas. J'ai hâte de partir et ça se sent, je crois qu'ils ont hâte que je parte aussi. Mes valises sont quasiment bouclées, je trépigne littéralement d'impatience en attendant dimanche, je commence (très logiquement) à ne plus supporter les petits caprices des filles. Je les aime beaucoup, mais mon cerveau est conditionné, je me connais : si je ne fais pas d'efforts, je vais partir en les détestant.
Vivement que ça se termine.


Dans une semaine, je suis LIBRE. Dans une semaine, je suis en Australie.


Un dernier selfie sur une plage de sable gris pour la route.