28 septembre 2014

C'est toi le titre.




• Jour 16
Dimanche 28 septembre

J’ai maintenant onze heures de décalage horaire avec la France. D’ici un mois, quand vous passerez à l’heure d’hiver, on aura enfin les douze heures promises dans le titre de ce blog.
Mais va falloir arrêter de me perturber avec ce décalage horaire, bordel de bite.

Well, voilà un moment que je n’ai pas donné de nouvelles. Comment je vais, tout ça, la famille le moral le chat, eh bien ça va plutôt bien. Je vous cache pas que le début était plutôt awkward dans son genre ; on débarque rarement chez des inconnus pour plusieurs mois en mode « hey yo s’up bro ? ». Jusqu’à ce matin, je me levais avec une petite boule au ventre et la gerbe, le truc habituel quand on est moi confrontée au changement. Mais bon, j’ai appris à faire la différence entre le stress d’une rupture de routine et celui qui te hurle « décarre d’ici en vitesse ». Alors ça va, j’attends juste que ça passe.
Le premier jour, jeudi, après avoir posé les filles à l’école, Suji m’a emmenée visiter les alentours pour me montrer les principaux parcs et aires de jeux, les maisons de ses amies et des amis de ses filles, et au final on a bien marché deux heures et demi sur ces putain de routes vallonnées. Une marche vraiment cool qui s’est finie par le plus gros frappé à la mangue que j’ai jamais vu. D’ailleurs ça n’avait pas franchement une gueule de frappé comme ceux qu’on voit au Mac Do. C’était plutôt du sorbet à rien baigné dans le jus de mangue. Bref, peu importe. 
Ah, et j’ai passé avec succès l’épreuve « salade », qui… consistait à faire une salade. Oui ben hein, c’est pas un truc que j’ai l’habitude de faire figurez-vous, c’est pas pour rien que mes copines ont collé un sticker « health food is a lie » sur ma valise.
À 15h, direction l’école pour assister aux répétitions de danse, parce que le lendemain, c’était le dernier jour de classe, ce qui signifie ici « spectacle ! ». Supeeeeer. Je me suis pas mal demandé ce que je faisais là. Vraiment. Au milieu de toutes ces mères au foyer venues surveiller que leurs enfants chéris s’appliquent correctement, parce qu’elles veulent qu’ils soient les meilleurs, proposer de cuisiner quelques cupcakes pour le goûter après… hm, allô, c’est pas du tout mon univers.

Le lendemain, jour du spectacle, m’a fait revenir sur ma position : c’était juste trop cool. Les enfants ont chanté l’hymne national (que j’entendais pour la première fois) et même que c’était tellement beau que je l’ai enregistré sur mon téléphone, on a aidé les filles à se préparer, on a filmé leur danse, et après ça j’ai rencontré quelques autres parents, dont les noms me sont bien évidemment sortis de la tête. Mais je crois que je vais kiffer ces quelques mois ici. L’atmosphère est teeeellement paisible, malgré les enfants qui courent et crient (hahahahahaha).
Le seul bémol : Neha déteste la douche. Neha a cinq ans, et en fait elle déteste un peu tout, elle adore dire non. J’ai pas mal galéré, avant de trouver la technique ultime qui marche avec elle (pour info : il suffit juste de l’ignorer à fond. Ça la déprime à mort et elle écoute.) reste à voir si mes nerfs résisteront à ce petit démon. Naaaaan bon j’exagère, elle est quand même méga chou. Sa grande soeur, Zia, huit ans, est autrement plus calme et obéissante et bien élevée. Avec moi du moins. Parce qu’avec sa mère…
Après leur douche, j’ai commencé à réfléchir au menu de la semaine à venir, semaine ô combien stressante puisque les filles sont en VACANCES et que ça signifie que je vais m’occuper d’elles de 7h du matin jusqu’à 7h le soir sans break aaaah mes nerfs mon sommeil mon lit au secours. La semaine d’après aussi, c’est les vacances. Aaaaaah. Les cours reprennent le 13 octobre, et là je pense que ça ira comme sur des roulettes ! Surtout avec l’été qui arrive, ça sera facile de les occuper. (Oh oui, été, mon amour, viens à moi, plus vite que ça).

HEY VOUS SAVIEZ QU’ICI ILS FÊTAIENT HALLOWEEN EN MODE POUR DE VRAI ? 
Les magasins sont déjà remplis de décorations hallucinantes. C’est trop bien. 

Nan franchement, ça va passer méga vite. En fait, y a des « étapes » assez souvent, et moi j’ai besoin d’étapes pour minimiser l’ampleur d’une durée qui me fait peur. Comme, par exemple, le 13 octobre, la rentrée. Le 31 : Halloween. 4 novembre : anniversaire de Zia, etc.
Et le 10 janvier, fini, je m’envole pour Sydney pour deux semaines HAHAHA et le Chaboudin me rejoint à Auckland le 27 pour le roadtrip final d’un mois et demi HAHAHAHAHAHAHAHA.

JE DISAIS DONC que j’ai fait les menus et la liste de courses qui va avec et que, ô surprise ô joie, les parents sont ravis ! Moi qui pensais que je mangeais pas super équilibré… 

Tiens d’ailleurs, je vous ai pas encore parlé de l’étrange façon de manger qu’ils ont ici. Ils font cinq repas par jour. Ouais, cinq. Un petit déjeuner complet, un truc léger à 10h, le lunch vers 11h30 (un truc normalement assez léger, mais samedi on a mangé Thai et aujourd’hui hamburger, donc soit on n’a pas la même conception de la légèreté soit je sais pas mais too much food please stop), un goûter vers 15h et le repas du soir aux alentours de 18h. Ce dernier repas est le plus HUGE. Bordel. Hier, par exemple, on s’est baladé dans un centre commercial (où j’ai fait l’acquisition de la superbe écharpe All Blacks qui illustre cet article) et on s’est arrêté prendre un chocolat chaud et un muffin. Dans le genre méga muffin. Méga trop bon mais tellement méga trop fat, bordel. Et deux heures après il a fallu enchaîner sur le repas, bleurg.
Va falloir que je me barre d’ici le week-end, parce qu’ils ont beau être adorables, accueillants, super sympa et tout, j’ai pas envie de finir comme big mama.

Anyway, ce matin, après avoir assisté à une engueulade en bonne et due forme parce que madame n’avait pas assez bien passé l’aspirateur et que donc monsieur qui bossait toute la semaine devait le refaire et c’est pas normal (maniaque et macho, urh), direction Pak n’ Save pour faire les courses… putain, je suis vraiment perdue avec tous leurs produits chelou.
Rien que la crème fraîche liquide. On a pris un truc, je suis même pas sûre que ça soit ça. Pas de fromage à tartiner autre que le Philadelphia. Par contre, les trouze mille styles de pain de mie, fais-toi plaisir (mais queeeeel intérêêêêêt ?). Dans la famille trop bon, la limonade L&P, « world famous in New Zealand », un truc typiquement d’ici qu’il me tarde de faire goûter au Chaboudin tellement c’est yummy. 

Oh lala, je m’embrouille grave. 
Pas grave, donnons tout en vrac : 
Vendredi, j’ai rencontré une autre fille au pair, parce que Suji veut que je me fasse des amis dans le coin mais franchement, non merci c’est pas la peine, j’ai pas trop envie de me retrouver à parler chiffon et menu enfant. Après le spectacle de l’école, on est tous allés au Mac Do manger un sundae, et le soir on a fait un barbecue. J’ai été de corvée d’épluchage de patates (ce pays m’envoie des signes, je crois, il serait temps que je reprenne l’écriture).

Samedi, centre commercial donc, j’ai spotted des onesies licorne que je dois absolument ramener à Ielenna. On a acheté des tonnes de trucs pour occuper les filles en cas de pluie : des toiles, de la peinture, des masques à colorier, des pinceaux, des crayons de couleur… ah tiens, on a oublié le sel pour la pâte à sel, aaaaah fuck. Les filles se sont montrées particulièrement difficiles, heureusement les heures de shopping les ont épuisées. Le soir, j’ai commencé à planifier notre itinéraire avec le Chaboudin, les parents se sont joints à moi pour me conseiller où rester plus longtemps, ce qui valait la peine d’être vu et ce qui pouvait être fait rapidement, et au final on a passé toute la soirée à discuter voyage et autres conneries musicales et culinaires incluant Edith Piaf et de la fondue. C’était vraiment un moment agréable. Le genre de moment pendant lequel tu oublies un peu la situation de dingue dans laquelle tu es, toute seule à 20 000 km de chez toi pendant six mois, au milieu d’inconnus qui t’accueillent à bras ouverts et te parlent déjà de t’emmener avec eux en camping à Narnia Coromandel et de garder tes gros bagages le temps de ton road trip, dans un pays où tu rêves d’aller depuis des années, que tu visiteras avec la personne la plus importante à tes yeux (même qu'elle va rater la Saint Valentin pour moi, moooh). 
Encore une fois, je me raccroche à mes projets pour ne pas sombrer dans l’angoisse. Ils me galvanisent et m’aident à garder le moral, quand celui-ci a tendance à fuir face au reste, au mal du pays qui rôde pas loin à la lisière de ma conscience, à ma famille qui me manque déjà, aux deux petites semaines passées ici qui me semblent déjà des mois.

Aujourd’hui dimanche, rien de spécial à part les courses. J’ai pas beaucoup dormi et j’ai du mal avec ce passage à l’heure d’été alors que je viens juste de me caler à l’heure néo-zélandaise (bordel) donc après le lunch, je suis tout simplement allée me reposer dans ma chambre, où les filles débarquent toutes les dix minutes en criant. 
Va vraiment falloir qu’on installe ce petit système de verrou, hm.


Demain, réveil à 6h30. Hurg.

24 septembre 2014

Auckland - il est temps de partir.




• Jour 11
Mardi 23 septembre

GRAND BEAU TEMPS.

Direction le zoo d’Auckland, à pied parce qu’on a la foi et qu’on est des warriors, avec nos coupe-vent imperméables parce qu’on n’est pas non plus suicidaires. On traverse les charmants quartiers de Western Park et de Grey Lynn, quartiers dignes de films américains des années 60 avec leurs petites maisons typiques et, après une heure de marche, on débouche sur Western Springs, un grand parc débouchant sur le zoo.

Franchement, j’aurais pu passer ma journée rien qu’à Western Springs. C’est digne d’une carte postale. Il y a un grand étang, autour duquel des saules pleureurs viennent laisser tomber leurs branches. Et surtout il y a des tas, mais des tas d’oiseaux. Partout, tout plein et pas du tout farouches. Des goélands, comme partout en ville, des canards évidemment, des poules d’eau, mais aussi des oies en pagaille et des cygnes noirs avec leurs petits, qui courent droit sur toi sitôt l’entrée franchie, des fois que toi aussi t’aurais du pain à te faire racketter. Un peu flippant de prime abord, j’avoue, mais au fil de la marche on découvre que les visiteurs et les oiseaux vivent, pour ainsi dire, en harmonie. J’ai vu quelques cygnes en plein milieu d’une aire de jeux, à genre un mètre d’une poussette contenant un gamin tout enthousiaste de voir le gros zoiseau, eh bah non, rien, Môssieur s’est contenté d’un regard poli mais n’a pas bronché. 
Même les cygnes entourés de quatre ou cinq poussin ne manifestaient aucune crainte ni animosité. Incroyable. Et puis au milieu de tout ça, la star néo-zélandaise dont j’ignore le nom :





Plutôt gros, comme truc.
Et qui court très vite.
Un pukeko, donc.











Le zoo en lui-même est sympa, mais franchement cher, pour ce qu’on peut voir dedans. Je dis pas ça parce que Mâdâme habite à côté du Zoo de la Palmyre niania, mais on n’a pas vu grand chose en fait. Les tigres étaient partis dormir à un endroit caché derrière un mini mur de pierre en hauteur, les lions dormaient en haut de leur colline donc on a juste vu leurs oreilles, idem pour les diables de Tasmanie, les pandas roux étaient perchés en haut d’un arbre au branchage si dense qu’on a tout juste deviné leur queue, pas d’éléphant à l’horizon, on a entraperçu un ou deux singes… même les tarentules étaient invisibles (mince, c’est trop con) bref, c’est clairement un zoo qui privilégie le confort des animaux au contentement des visiteurs. C’est très bien, mais c’est frustrant. 

Mais donc vous vous demandez, avec tout ça, EST-CE QUE JE L’AI VU ? Franchement, nous non plus on y croyait plus trop quand on est arrivé dans la partie « les espèces endémiques ».
Eh bien oui, j’ai vu un kiwi.

Il est beau, hein ?

Non, bien sûr, impossible à prendre en photo. Déjà parce que son enclos est aménagé dans le noir (c’est nocturne cette chose-là), ensuite parce que les flashs étaient interdits, et enfin parce que ça court vite, ce truc. Il était en face de nous, à se gratter les plumes avec son long bec ; quelqu’un a éternué ; il a détalé.
Au passage, un kiwi qui court, c’est poilant.

Dans ce même lieu tout noir, quelques vivariums laissent deviner… des wêtas. 
C’EST ABSOLUMENT DÉGOÛTANT OMG PRIEZ POUR QUE J’EN VOIS PAS À L’ÉTAT SAUVAGE.

Si observer les animaux « typiques » des zoos est difficile dans celui d’Auckland, en revanche, la part belle est faite aux oiseaux et à la nature ! En théorie les plantes on s’en cogne un peu mais pas là, tout est fait pour sensibiliser le visiteur à la préservation des habitats naturels, en particulier des forêts tropicales qui sont recrées un peu partout. En plus de la forêt néo-zélandaise full of fougères géantes. C’est beau.
Et les oiseaux, donc. Y a plein d’enclos à double porte dans lesquels on peut entrer pour les observer directement, sans grillage au milieu. C’est assez cool. Nan, c’est même carrément cool. On a bien passé un quart d’heure dans l’un d’eux pour observer ces espèces de petits perroquets dont j’ai pas retenu le nom, tellement bruyants et chou et belliqueux, qui se foutaient sur la gueule entre deux parades nuptiales (ouais c’est la saison, ici, on a bien assisté à au moins trois viols de canettes. Les pauvres). Pour un peu, on aurait presque pu les toucher et les prendre sur nos épaules, dans le genre pas sauvage. Mention spéciale au cacatoès qui crie « HELLOOOO ».







Bref, ce zoo était cool. C’est pas mon préféré, mais rien que pour les oiseaux et la furtive apparition du kiwi, je lève mes deux pouces. 

Demain soir, direction le North shore pour débuter avec la famille. 
Souhaitez-moi bonne chance.


Cet oiseau s'appelle un kaka.





• Jour 12
Mercredi 24 septembre

Un radieux soleil brille sur Auckland, sans un nuage pour venir troubler le bleu du ciel. 
SOYONS FOUS, SORTONS SANS VESTE DE PLUIE.

Aujourd'hui est mon dernier jour sur Auckland city. Pour autant, je me sens nauséeuse, faible et fatiguée. J'ai dormi jusqu'à 10h, y a toujours pas internet et pas moyen pour moi, donc, d'aller trouver du réconfort auprès de ma mère avant qu'elle se couche. J'aurais aimé lui parler, pourtant. Je flippe. Question d'habitude. Bien sûr que j'en suis capable, mais bon, quand même, investir une famille d'inconnus sans plus de préambule a de quoi faire flipper. Non ? Oui je les aime bien, oui le courant est bien passé. Oui les filles sont adorables, oui s'occuper d'elles sera facile, elles m'aiment déjà. Ça n'empêche pas l'angoisse de former une grosse (très grosse) boule dans ma gorge.
C'est surtout les premiers jours qui me font peur. Normal. La mère sera avec moi, étant donné qu'elle ne reprend le travail que le 2 octobre. Pendant le temps d'école, ça ne me pose pas de problème. Mais les vacances commencent samedi. Pendant trois jours, je vais devoir faire mes preuves en m'occupant des filles toute la journée, leur préparer des repas suivant un mode de vie que je ne connais pas encore (quoi, cinq repas par jour mais vous êtes sérieux ?) avec la mère à mes côtés. Rassurant, certes, mais elle va me scruter aux rayons laser. Putain ce que j'ai peur.

J’ai l’impression, depuis mon arrivée ici, de passer mon temps à flipper. Y a plus reluisant comme image, genre celle du super-héros sans peur et sans reproche qui a osé quitter famille et patrie pour partir seule… ça en jette, ça, auprès des copains. Sauf que je ne suis définitivement pas un super-héros, et aucune des personnes que j’ai pu croiser non plus.
Retenez bien ça, si vous prévoyez de voyager seul et longtemps en WHV, un jour : aussi excitant soit-il, voyager n’a rien de facile. Le doute, la solitude, l’instabilité… oui, le monde est à vous et vous ouvre les bras, tout devient possible et l’inconnu a de quoi griser. Mais vous n’échapperez pas à quelques sentiments négatifs, aussi heureux que vous puissiez être. Partir de chez soi est dur ; ne pas y rentrer au premier coup de blues l’est encore plus. Et on a beau garder en tête qu’on est en train de réaliser son rêve, parfois, ça ne suffira pas.

Bref, j’ai bien essayé de sortir un peu aujourd’hui, afin de profiter de l’incroyable beau temps qui règne sur Auckland pour lui dire un petit « au revoir » (bon, je vais vraiment pas loin, hein, mais ça sera plus pareil), mais non. Toujours trop de stress. Alors retour à l’auberge pour une sieste.

À 17h30, Raz est venu me chercher. Raz, le père de famille, dont le nom fait tourner en boucle « Rien à Zignaler » dans ma tête et c’est très chiant. Mais donc, il est cool. Quelques au revoir à mes roommates qui vont décidément me manquer (j’avais commencé à me faire à cette petite routine), et direction le nord de la ville et ses luxueux quartiers résidentiels.
Je me suis faite bombarder de questions. En mode éclair qui ne laisse pas le temps de réfléchir. Ton plat préféré ? Les crêpes. Ta musique préférée ? Le rock indé. Ton tv-show préféré ? Doctor Who. Ce que tu préfères faire de ton temps libre ? Dessiner. Ta couleur préférée ? Toutes. En vrai, je préfère Game of Thrones à Doctor Who, et de loin (surtout depuis le nouveau docteur. Il est géant, mais les intrigues des épisodes… bref). Et pendant mon temps libre j’aime vraiment beaucoup ne rien faire du tout et larver sur le lit.
Au passage, on s’arrête dans un gros supermarché discount du nom de Pak n’ Save, l’équivalent de notre Leader Price je dirais, tellement huge avec trouze mille produits différents et chelou. Par exemple, ils ont un rayon entier consacré au pain de mie. Non, aux pains de mie. On a échappé de peu à celui aux raisins secs et noix de coco.

La tension redescend un peu quand on arrive dans la maison. Les filles se jettent dans mes bras. Le chien aussi. Elles me conduisent à ma chambre (j’ai un lit doubleuh)(et ma salle de bains-euh) puis on enchaîne directement sur le repas. Il est 18h30, et ce n’est définitivement pas une heure pour manger des brocolis. Ni du boeuf pané au cumin. Ça fait deux semaines que je ne mange pas le soir, autant vous dire que j’ai très vite eu la gerbe. Heureusement, ils comprennent, ils ont déjà eu des au pairs européennes et savent qu’on ne mange pas beaucoup le soir… par rapport à eux. Parce qu’en Nouvelle-Zélande, le repas du soir, c’est le plus important. Yurk. Je vais avoir du mal à me faire à cette habitude, surtout avec l’été qui arrive. 
Va falloir que je fasse de Google mon meilleur ami, histoire de trouver des trucs légers et bons et équilibrés (PAHAHAHAHA) à faire aux filles. 
D’ailleurs j’en appelle à votre générosité : si vous avez des recettes simples qui font manger des légumes aux enfants, je prends ! Z’êtes bien aimables. La nourriture est bien ce qui me stresse le plus. Surtout quand tu vois que Suji, la mère, cuisine des gâteaux au chocolat avec le vrai glaçage rose et les petites déco qui vont avec… pouhouhou.

Enfin, on verra. Mais je pense, sincèrement, que j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur cette famille. J'ai pas dit tout ce que j'avais à dire aujourd'hui. Mais pour être honnête, je suis crevée, j'en peux plus. Et il est déjà 23h46, ohlala.



23 septembre 2014

Auckland - ton univers pluvieux impitoyable.


• Jour 9
Dimanche 21 septembre

Aujourd’hui fut le jour… DE LA FIN DU MONDE.
Ce fut sous un soleil radieux que je pris la route vers le Britomart, la station centrale de bus d’Auckland city, afin de chopper une ligne pour me rendre vers mon rendez-vous.

Long story short : bienvenue dans les séries américaines.
Vous voyez ces quartiers classieux avec de grandes maisons en briques rouges ou en bois coloré, ceintes d’un jardin spacieux et bien propret, avec de petites barrières blanches et une allée bétonnée qui conduit à un giga-garage, où tout le monde se connaît ? 
Welcome to là où j’étais.

Malgré la pluie, le quartier respirait la sérénité, de même que l’intérieur de la maison. Les parents, l’une de Singapour et l’autre d’Afrique du Sud, étaient très curieux (normal), intéressés et intéressants, drôles, ouverts d’esprit… Les deux filles sont chou tout plein, baignées dans l’univers Disney, la danse et le dessin. Bref, le courant est super bien passé. Mais vraiment. En tout cas, moi, je les ai adorés, et je m’imagine tout à fait passer quelques mois à leurs côtés. Reste à savoir si c’était réciproque, d’autant plus que, ne venant pas d’une agence (fucking trouze mille papiers à remplir qui prennent un temps fou), j’ai pas le label « reconnue digne de confiance pour ta famille ».
Well, we’ll see.

Je suis rentrée plutôt optimiste malgré la pluie battante, je me suis promenée un peu sous le soleil fraîchement revenu, j’ai testé un nouveau chocolat à un nouvel endroit (à savoir : les cafés poussent tous les deux mètres. Du coup, tous les jours, j’en teste un, voire deux différents, pour voir où ils font les meilleurs chocolats chauds), avant de rentrer pour échapper à la pluie.

Ça serait super si je pouvais avoir ce job. La famille est tellement cool. Et, truc non négligeable : à partir du moment où je leur donne une date au début, je peux partir quand je veux. C’est-à-dire que, si j’ai envie de partir le 14 janvier ou le 20 février, c’est égal, ils doivent juste savoir.
ÇA SERAIT TELLEMENT GÉNIAL PUTAIN.

Dans l’après-midi, j’ai continué de planifier des trucs. 
Et si je partais deux semaines en Australie, juste après, vu que c’est juste à côté ? 
Et si j’y faisais que 10 jours, mais que je faisais un détour par le Vanuatu pour aller faire un trek sur le mon Yasur, ce volcan constamment en éruption ?
Budget, budget, budget.

Bon, on va arrêter de rêver cinq minutes, le Vanuatu c’est un peu cher. Mais je le garde quand même de côté, c’est plus intéressant que les Fiji.

Le soir venu, direction Queen Street et la QF Tavern, pour boire un petit verre. C’était très calme, dimanche oblige, mais néanmoins agréable, avec un petit concert en prime. Queen Street en elle-même n’était pas très animée, du coup, pour changer… j’ai pris des photos de la Sky Tower.
Mais de nuit, cette fois.








• Jour 10
Lundi 22 septembre

HEY, j’ai dormi jusqu’à 8h.
Pour moi c’est carrément la grasse mat, depuis que je suis arrivée, en fait. Et j’en viens même à me dire que, dis donc, faudrait pas trop que je m’y habitue sinon je dormirai plus le soir. 
Il… pleut des cordes. Et le WiFi ne marche pas.
Je sais même pas pourquoi je précise, sachant que ces deux données sont quasiment invariables.

À 10h, coup de téléphone et J’AI LE JOOOOOOB.
J’AI LE JOOOOOOOOOOOOB.
J’AI LE JOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOB.

Bon en fait j’ai presque le job.
Ils me demandent de venir les voir mercredi soir, pour me montrer, le jeudi et le vendredi, comment se passent les jours d’école. PARCE QU’EN FAIT, dès vendredi c’est les vacances pour deux semaines, et comme la maman, qui est au foyer pour le moment, doit reprendre le boulot très bientôt, elle doit me montrer avant de reprendre comment ça fonctionne.  
L’occasion de voir si ça se passe bien, si le courant passe avec les filles, tout ça. Allons-y. Je dois recevoir plus d’infos sur ce qu’on attend de moi niveau taf par mail, soit dans la soirée soit demain. J’espère que je ne ferai pas de boulette (j’espère qu’on va pas me demander de cuisiner de la ratatouille).

Pour fêter ça, direction le centre ville sous le soleil, où je choppe un chocolat chaud, commande une pizza et file vers les bureaux Stray pour acheter mon pass.


 Parenthèse Stray 

Stray, c’est une compagnie de… bus, voyage, tour ? qui propose des pass hop-on hop-off sur des circuits définis. Dit comme ça, c’est peut-être pas clair. J’m’explique :
Y a un circuit à travers toute la Nouvelle-Zélande. 


Genre ça.


Chaque point correspond à un stop d’une nuit, la ligne orange représente le trajet du bus. Jusque là, ça va ? Bien.
Selon là où on se trouve, il suffit d’avoir ce pass, de réserver une place dans le prochain bus qui passe, et de monter dedans pour aller à la prochaine destination. Arrivé à cette destination, soit on passe la nuit sur place et on prend le même bus le lendemain pour repartir à la destination suivante, soit on décide de visiter plus longtemps, et on ne remonte pas. Par exemple, si t’as envie de passer trois jours à Rotorua et pas juste une nuit comme prévu dans le trajet « de base », tu descends du bus et tu restes le temps que tu veux. T’as juste à choper le bus suivant pour repartir sur la route.

Eh non, ce n’est pas un simple bus qui va d’un point A à un point B. Leur slogan, c’est « Get further off the beaten track », qui veut littéralement dire « allez en dehors des sentiers battus », et donc, sur la route, on s’arrête un peu partout pour profiter des paysages intéressants et autres (ce que je n’avais pas pu faire en Islande).

C’est plutôt cool, quand t’as pas de voiture et que t’as pas envie d’en acheter une (c’est un peu le paradis des escrocs par ici, avec tous les gens qui se ramènent en WHV et qui cherchent à être mobiles, tu m’étonnes…)(de toute façon ils conduisent à l’anglaise, même pas en rêve).


 Fin de la parenthèse 


Pour fêter l’achat de mon pass, je me suis pris une pluie torrentielle sur la gueule, qui a détrempé et refroidi le carton et la pizza qu’il contenait.
Nevermind. Le reste de la journée fut froid et pluvieux, la WiFi luttait encore et toujours contre le blackout, je suis restée sous mes couvertures à papoter avec mes deux roommates.

J’ai sauté sur ma soeur à son réveil pour lui faire acheter son pass. Avec les sous que j’avais mis de côté pour elle exprès pour ses vingt ans. 


Joyeux anniversaire trois mois à l’avance boudin, hahaha.




20 septembre 2014

Auckland - Acclimatation, putain.




• Jour 6
Jeudi 18 septembre

C’est fou comme je suis lunatique.

Je veux dire, en temps normal je le suis déjà beaucoup, oui je sais merci je me soigne. Mais là, mon humeur est aussi changeante que le temps, et vous n’imaginez pas à quel point il est capricieux celui-là. J’en parle pas assez dans mes posts.

Hier soir, j’étais toute excitée à l’idée d’aller à mon entretien ce matin, même si de plus en plus circonspecte. Le pair m’intéresse toujours, mais je n’exclus pas la possibilité de travailler « pour de vrai », trouver une colocation et tout. C’était mon idée de départ, après tout.


J’ai passé la pire nuit de ma vie.
J’ai pas mal hésité avant de lui accorder ce qualificatif, mais si, pour de vrai, juré. J’ai réussi à m’endormir vers 22h, je crois. À 23h13, l’autre du dessous a eu une quinte de toux difficile, et je ne me suis pas rendormie avant 1h du matin. J’ai eu méga froid. Pas moyen de trouver une position confortable. Je me suis difficilement réveillée à 6h10 après un sommeil entrecoupé par le froid et les sirènes de police (sérieux bros, le double vitrage ça vous tente pas dans votre pays ? Vraiment pas ?) bref… j’aurais dormi sur le trottoir que ça n’aurait pas été différent.

J’ai sauté sous la douche et j’y suis restée une bonne grosse demi-heure (je suis pas très éco-friendly quand je crève de froid), après quoi j’ai sauté dans un bus pour rejoindre le café français. Je vais être brève : c’était naze. L’ambiance était cool, le café en lui-même charmant, je suis pas trop mauvaise pour faire des crêpes sur le gros machin, là, mais non, désolée ça ne va pas le faire. Déjà, c’est que pour deux jours par semaine, et ça s’arrêtait juste avant Noël. Ensuite, désolée, mais j’ai juste pas envie de travailler avec des Français quoi… je suis pas partie à 20 000 km pour ça, pour parler aux gens avec un accent à couper au couteau parce qu’ils « trouvent ça mignon donc faut faire exprès »… non.

Je suis rentrée, et ça a été un genre de chute libre en Enfer. 
En fait, je sais pas trop ce qui m’est arrivé, mais ça n’allait pas du tout. La mauvaise nuit, sans doute. L’ambiance pourrie de la chambre ensuite. Mon espoir de boulot parfait qui s’envolait. Je me suis roulée en boule et… et ben après j’ai lutté pour trouver la force de me remettre à bouger, tant l’angoisse me tétanisait. Je crois n’avoir jamais dû fournir un effort aussi colossal pour me sortir d’un état d’esprit dont je ne suis pas coutumière. C’était horrible et j’ai vraiment cru que je n’allais pas y arriver et mourir d’angoisse sur place.

Le fait étant que je n’avais pas le choix… vers 14h, je suis sortie de mon lit et j’ai filé à Work n Holiday profiter d’un WiFi potable. J’y ai passé une heure. Une heure reposante, durant laquelle je me suis imprégnée de la sérénité du lieu, enfoncée dans un gros canapé confortable en cuir, avec, en fond sonore, les musiques éthérées des vidéos promotionnelles qui passaient sur l’écran. De quoi redonner le moral.
J’ai trouvé une offre au pair parfaite, mais un peu loin. Vers Rotorua, à 4h d’Auckland, une famille de fermiers qui cherchent quelqu’un jusque début janvier. 

Un rapide coup de téléphone et je suis rentrée, le coeur en joie, pour une conversation Skype avec la mère, avec qui j’ai eu un contact extra. Mais bien sûr, c’était trop beau… malgré une conversation au poil, la famille reçoit déjà la visite d’une fille samedi, envoyée par une agence. Étant donné qu’ils ont payé cette agence pour les mettre en relation avec des postulants, ils sont obligés de lui donner le poste si d’aventure le lieu et la famille lui plaisaient. Réponse dimanche.

J’étais beaucoup trop épuisée par ce matin pour me laisser retomber dans le même cercle infernal. Alors j’ai commencé à envoyer des postulations un peu partout pour des jobs en auberge de jeunesse, dans le nord, en échange du logement. Pour commencer, c’est la meilleure solution. Même si c’est pas ce que je cherche, ça ne peut pas être mauvais à prendre.

Ah, oui et : j’ai obtenu une autre couverture et j’ai fermé la fenêtre qui était restée entrouverte.





• Jour 7
Vendredi 19 septembre

Qu’est-ce que j’ai bien dormi.
Putain, c’était magique.

Pas grand chose à dire, j’avoue qu’aujourd’hui j’ai pas fait grand chose. Enfin, à part éplucher les offres d’emploi, je veux dire. J’ai trouvé une annonce cool de fille au pair pour 4 mois (maman, arrête de rire je te dis que je peux le faire) un peu au nord d’Auckland, pas loin de Takapuna en fait. L’endroit où y a des maisons chou, oui voilà. La dame était très intéressée, parce que les agences de placement sont trop lentes à son goût. Je la rencontre dimanche.
J’ai pas un aussi bon contact qu’avec la famille de Rotorua, mais ça passe, on verra bien. Puis c’est pile ce que je cherchais.

Ah, si : j’ai poireauté des plombes à la banque pour récupérer ma carte de crédit. Elle est toute jaune et noire, on dirait Pikachu, je l’aime bien.
Je suis allée me perdre dans un centre commercial aussi, avec un truc énorme appelé the Warehouse au dernier étage. C’est un mélange de Gifi, Leclerc et son espace culturel, Monsieur Bricolage et la Halle aux vêtements, et c’est vraiment très déroutant. On m’a dit qu’il y avait de tout, pas cher, alors j’ai espéré y trouver des pâtes. Bah non. J’ai trouvé du chocolat Wonka, par contre, et du vrai gel douche, parce que le savon ça va cinq minutes mais faut pas déconner.

Deux nouvelles personnes sont arrivées dans la chambre.
Et, surpriiiiiise, l’une d’elle est Française ! Le courant est passé direct avec les deux, c’était cool. On a passé la soirée à papoter.
Ça fait du bien d’avoir un peu une vraie ambiance de backpackers, plutôt qu’une multitude de tronches d’enterrement pas aimables qui donnent envie de se pendre. Ça rend plus optimiste.

Et du coup, je me dis que quel que soit le résultat du pair, si dans deux semaines je n’ai rien, je pars dans le Northland bosser en auberge de jeunesse contre le logement. C’est pas l’idéal, mais après tout, hein, fuck, j’ai pas envie de me faire un ulcère. 
Tout ira bien.





• Jour 8
Samedi 20 septembre

CHAMPAGNE, ça fait une semaine que je suis là !
Remise du décalage horaire (enfin), un peu moins paumée, déjà un peu plus acclimatée, je me suis réveillée d’une autre bonne nuit de sommeil parsemée de rêves de fou furieux que même sous champi tu vois pas ça (comme chaque nuit depuis mon arrivée. J’en fais rarement des comme ça)… sous la pluie. 
NON ÇA ALORS SANS DÉCONNER, LA PLUIE À AUCKLAND T’ES SÛRE.

Et en fait, comme c’est Auckland, un grand soleil brillait vingt minutes plus tard.
Avec ma roommate française, Louise, on s’est ruée dehors en se disant que ça pourrait être cool de prendre un petit déjeuner ensemble et de découvrir un peu Auckland, parce que c’est vrai que c’est triste de le faire tout seul (je confirme). C’est ainsi qu’à 10h30, on s’est enfilée un bon gros hot dog de chez Wendy’s. 
Bah quoi.

Puis une petite descente sur les docks, du côté des ferries, où j’ai grappillé des tonnes de prospectus sur comment se rendre à Narnia (la péninsule de Coromandel, tadadum), avant de nous rendre au bout des quais noircis par la foule, de laquelle s’élevait une musique digne de « Sous l’océan » de La Petite Sirène. Et là, surfruiiiise : un regroupement de cinq écoles de musique des différents quartiers d’Auckland présentaient un concert. Une tonne de tout petits enfants qui jouaient de gros xylophones en bois (non, j’ai pas Googlé le nom, Google est capricieux), dont le son emplissait tout l’espace.
Tellement… aw. Dans le genre qui prend aux tripes, et qui rend optimiste.

Après ça, profitant du beau temps qui semblait vouloir durer (hourraaaa), direction la Sky Tower d’Auckland. On y entre par une boutique de souvenirs, l’ambiance est incroyablement relax, là encore les vendeurs te demandent « comment ça va aujourd’hui », et te répondent « relax, on a le temps » quand tu galères à trouver ton portefeuille au fin fond de ton sac à dos.

Alors que dire sur la Sky Tower… C’EST HAUT PUTAIN. 
Mais ça en vaut définitivement le coup, surtout quand le ciel est aussi dégagé que possible. Toujours dans une ambiance d’une zénitude wahou, les gens s’appuyaient contre les vitres inclinées (gros malades) marchaient sur les fenêtres au sol, un employé qui gère l’ascenseur proposait de te prendre en photo devant le panorama… et puis on est montée ENCORE PLUS HAUT. 
Bref, je vais pas m’éterniser sur la vue de malade, sur la pluie qu’on a vu arriver au grand galop, sur l’arc-en-ciel qui a suivi, mais juste pour que vous le sachiez : la Sky Tower, si vous allez à Auckland, faites-là, elle en vaut définitivement la peine. Et puis vous ressortez de là en étant détendu comme après une heure dans un SPA.
Enfin, c’est l’impression que j’ai eue.

Eeeet c’est l’heure de goûter. Un petit Dunkin Donuts emporté dans un petit parc-volcan adjacent, qu’on déguste en profitant de la chaleur du soleil. 
Louise est jeune. Elle a l’âge de ma soeur, en fait, et elle a ce don génial de ne pas du tout souffrir ni du décalage horaire ni du stress. Je l’admire et l’envie, et je me dis que j’aurais peut-être dû partir plus tôt, quand j’étais encore un peu plus insouciante.
Ça me rappelle que le Chaboudin doit me rejoindre, et que, d’ici là, je dois trouver de quoi gagner des sous. Ça me rappelle mon entretien de demain, et ma rencontre avec la famille. J’ai peur. Et s’ils ne m’aiment pas ? Si moi je ne les aime pas ? Pire : s’ils me demandent de cuisiner des légumes ? Par moments, je me sens l’âme d’une Mary Poppins ; d’autres, plus nombreux, me renvoient une image de moi que je n’aime pas, celle d’une meuf incapable de se prendre en main seule quand il s’agit de manger et sortir, et qui ne voit pas comment elle arriverait à le faire pour deux petites filles.
Mais je sais que j’en suis capable. Il le faut, du moins.

J’ai parfois la sensation furtive que je vais passer à côté de mon visa.
La plupart des gens ne viennent pas pour rester coincés au même endroit trop longtemps, mais pour rencontrer des gens, bouger, découvrir des choses avec ceux qu’ils auront rencontré sur la route. C’est ce que j’aurais dû faire, en théorie, c’est comme ça que c’est censé se passer. 
Il me suffit de penser à ma soeur qui viendra vivre tout ça avec moi pour me relaxer. Il faut que je planifie tout ça. Un road trip d’un mois, un mois et demi, deux mois ? Aucune idée. Mais ça sera le pied.
J’ai hâte d’être à demain.


J'ai même rajouté un sticker pour fêter ça.



• Le point infos

• L’entrée à la Sky Tower coûte 28 NZD, soit environ 17 euros. C’est un peu cher, mais ça serait dommage de passer à côté.

• Les parcs d’Auckland sont, je crois, presque tous des anciens volcans. Depuis la tour, on en a vu des tonnes, et comme le dénivelé est trop important, évidemment, aucun bâtiment n’a été construit dessus. Ce sont donc tous des espaces verts, recouverts d’arbres, dans lesquels il fait bon se promener (et nourrir les goélands qui viennent te racketter avec leurs petits yeux méchants).

• Si vous avez un WiFi pourri dans votre backpackers, la librairie du centre ville est ouverte jusqu’à 20h et vous offre une heure d’internet gratuite. Ils peuvent même vous prêter des ordinateurs ! Sinon, vous avez toujours des hotspots accessibles quelque part, 30 min au Starbucks et des free access limités dans certains cafés.

• Ne laissez pas sécher votre jean sur le rebord de la fenêtre, même si vous êtes au deuxième étage : le vent l’emportera.
Et tout disparaîtra. Haha, haha, ha.



19 septembre 2014

Auckland - Je suis en Nouvelle Zélande, bordel.




• Jour 5
Mercredi 17 septembre

J’ai pas de WiFi. 
Pour deux semaines.


OH NON ATTENDEZ EN FAIT SI C’EST GÉNIAL JE CAPTE LE RÉSEAU PUBLIC DE AUCKLAND C’EST 1GB GRATUIT PAR JOUR ET IL MARCHE TROP BIEN. Et dire que l’auberge fournit 1GB par semaine et qu’en plus ça plante toutes les trente secondes.
Attendez, j’ai été trop optimiste. Ça plante aussi.
Le WiFi en Nouvelle-Zélande, donc, ça pue. C’est payant partout, et en plus ça plante de ouf. Et j’ai appris que c’était parce qu’il n’y avait qu’un seul fucking câble qui reliait le pays aux… États Unis. UN câble. La grosse dèche.
Eeeet j’ai deux semaines à passer ici. Fu.cking.bull.shit.

C’est con parce que bon, je comptais chercher les adresses et éplucher les annonces pour un boulot. HAHA. Alors que revoilà la sous-préfète l’angoisse à l’idée de ne pas pouvoir être méga occupée toute la journée.


Aujourd’hui était un jour cool. Vraiment.
Mais je crois que j’aime beaucoup trop commencer mes posts en râlant, c’est tellement moi. Aujourd’hui, donc, c’était le jour où je devais changer d’auberge de jeunesse et me rendre à Takapuna pour obtenir mon numéro IRD.

En un mot comme en cent : j’en ai chié. Mais grave. Je vous parlais des rues vallonnées d’Auckland, bah imaginez-les avec une énorme valise de 25 kilos et une de 6. Et seulement mes deux bras musclés comme le cul de mémé. Oui, c’est bon, l'image est en tête ? J’ai mis au bas mot une demi heure à déménager, alors que c’était à trois rues, OUI MAIS FALLAIT DESCENDRE (cool) MONTER (pas cool) MARCHER CINQ MINUTES EN PENTE TRANSVERSALE (argh ma valise) ET REMONTER TOUTE UNE RUE. Mais je suis donc arrivée au bout de Hobson Street, au Silverfern Backpackers.
C’est une autre ambiance. J’ai été accueillie par une française triste comme la pluie, mais les résidents de l’auberge étaient, eux, tout sourire, sur le panneau d’affichage j’ai vu qu’ils organisaient un barbecue dimanche et que tout le monde pouvait s’y inscrire. 

Mais pas le temps, à peine arrivée je suis repartie pour retrouver ma (désormais ex) roommate, Stefanie, avant de monter dans le bus pour Takapuna.


Comment vous dire… c’était super.
Takapuna est une petite ville par laquelle on accède via le Auckland Bridge et qui fait face à Auckland et sa skyline. Les maisons sont très typées américaines, c’est chou comme tout. Et depuis la plage…


Tadaaaa !

Le volcan Rangitoto. Si toi aussi ça t’évoque davantage le surnom d’un petit garçon que celui d’un fier volcan éteint tape dans tes mains. Clap clap.
C’est beau. Le paysage est beau. La plage est belle, l’eau est belle. Les maisons derrière sont belles. On a eu un… un petit moment d’égarement quand on s’est mises à courir en criant « THIS IS NEW ZEALAAAAAND (bitches) ! »


Vraiment belles. Pour un peu je me serai crue en Floride.
Ou dans Desperate housewives.


Bref. Pour la première fois depuis mon arrivée, je me suis sentie vraiment bien et à ma place. J’ai enfin réalisé pour de vrai que j’accomplissais l’un des plus grands rêves de ma vie. 
J’ai respiré.


Par la suite, on s’est paumée dans les quartiers résidentiels de Takapuna et on s’est résolue à faire demi-tour quand on est entrée dans Devoport. Devonport, c’est la ville depuis laquelle on a une vue frontale imprenable sur la skyline d’Auckland. On aurait bien aimé y aller, mais c’était plus loin que prévu, on commençait à fatiguer et on avait faim. Alors demi-tour, et direction Takapuna centre.

Quelques errances dans un centre commercial nommé Farm plus tard, on a atterri dans un charmant petit art-café-restaurant du nom d’An.ti.do.te, aménagé dans des anciens garages visiblement, avec une véranda remplie de plantes vertes et de panneaux « cours de dessin le vendredi à 7.00 pm » « exposition de peintures à l’huile la semaine prochaine » « réservez votre cours de poterie avec Mandy au 022… » Tellement choupinet et serein qu’on y serait bien restée.



Et puis finalement, vers 16h, on brise la bulle d’été et de quiétude et on retourne à Auckland. Où il pleut (ah j’ai pas dit, mais on s’est pris la pluie six fois à Takapuna, j’ai compté).
Stefanie a trouvé un poste à Rotorua, dans une auberge de jeunesse où elle va bosser contre le logement 5h par jour, 5 jours par semaine, à la réception. C’est cool pour elle, ça lui permettra de se trouver un temps partiel en ville pour gagner des sous. J’ai beau envisager sans cesse cette option moi aussi, parce que ce genre de travail typiquement pour les backpackers est légion partout dans le pays, je n’arrive pas à m’y intéresser. Pourtant, je sais que c’est ce que j’aurais intérêt à faire si je veux bouger et m’attarder un peu partout. Mais non. Je crois bien que je ne veux pas bouger et rester quelques semaines par-ci par-là. J’ai vraiment besoin d’un endroit où me poser. Je ne suis définitivement pas si aventurière que ça.
Quelques adieux, et retour au Silverfern.


Et là, c’est le drame.
Ma chambre donne directement sur la route. Bon, à la limite. Il n’y a plus de lit du bas disponible, et ceux du haut ont genre zéro barrière pour t’empêcher de tomber, pas même à la tête. La meuf qui loge sous mon lit a laissé exploser sa valise partout, et ses fringues dégagent une odeur âcre qui pique vraiment le nez. Mes roommates rentrent les unes après les autres ; aucune ne répond à mes salutations. Ma couverture n’en est pas une, ça a l’épaisseur d’une serviette de bain et on voit à travers les mailles. 
Je commence à angoisser pour demain, ah oui je vous ai pas raconté : j’ai trouvé une annonce cool sur le groupe Facebook Les Français à Auckland. Un job dans un café sympathique pas très loin du zoo, disponible dans même pas dix jours. Ça serait super. Mais je sais pas, je le sens pas trop. Y a un truc qui me chiffonne. Ou alors c’est mon imagination dévorante qui s’emballe encore. Calmons-nous.

Mais non.
La meuf sous moi se tourne et se retourne dans son lit. Rien de grave. Sauf que du coup, je bouge aussi. Beaucoup. Façon dernier étage d’un building japonais en plein tremblement de terre. Et je rappelle que j’ai pas de barrière et que j’ai le vertige. 
Elle a mis à charger son téléphone. Le voyant diffuse sa lumière partout dans la pièce. Elle est malade. Elle tousse beaucoup. Elle a l’air d’en chier, et on dirait bien que ça la gave, parce qu’elle jure à chaque fois que ses tripes menacent de lui sortir par la bouche. Charmant, je sais, je confirme.
Le bruit de la route est très prenant. Mon lit serait installé directement sur le trottoir que ça ne serait pas différent. Pourquoi j’ai oublié mes boulquies…

C’est con, j’avais un bon feeling avec cette auberge de jeunesse.



• Le point infos

• Le numéro IRD, c'est obligatoire pour travailler, et ça met entre 7 et 10 jours à s'obtenir. Donc c'est l'une des premières choses à faire en arrivant. Pour l'avoir, il faut une photocopie du passeport, une du permis de conduire international (j'insiste : le permis français ne marche pas), une du visa, une lettre de la banque qui atteste qu'on a bien une adresse dans le pays, et remplir le formulaire IRD qu'on trouve dans toutes les KiwiBank (la poste, en fait)

• Si on a pas tous les documents, pas de panique : on appelle le numéro sur le formulaire et on prend rendez-vous. Après, faudra se rendre à Takapuna, comme bibi, avec les documents qu'on a et ça prend en tout et pour tout deux minutes. En fait, ils ont juste besoin de vous voir en personne pour contrôler votre identité. Si vous n'avez pas encore d'adresse, un simple coup de fil dans la semaine vous permettra d'obtenir votre numéro IRD.




16 septembre 2014

Auckland - On commence à s'y faire

Le WiFi est daubé du cul.
Après 15 tentatives, enjoy le gros pavé.


• Jour 4
Mardi 16 septembre

J'ai pas dormi de la nuit.

Je me suis endormie à 19h, ce qui est assez tard par rapport à d'habitude depuis mon arrivée ici, dans une confiance que je n'avais pas eue depuis mon départ. La réunion de ce matin, à l'agence Work n Holiday, y a grandement contribué. Mais, une angoisse en chassant une autre, une gigantesque crise de panique m'a saisie aux tripes à 2h, et je ne me suis pour ainsi dire pas rendormie. J'en ai pas été loin, une fois, mais pareil, je me suis réveillée en étouffant. Mon cerveau fonctionne à mille à l'heure, émet plein d'hypothèses avant même que j'ai le temps de les empêcher de se former et, à la fin, je me retrouve submergée par toutes ces possibilités si floues, ponctuées de "et si... ?" Et si ça marche pas ? Et si je ne trouve pas de travail ? Et si je trouve un travail cool mais pas de colocation ? Et si je suis obligée de vivre des mois en auberge de jeunesse ?


À toutes ces questions, mon moi réveillé du milieu de journée répond "et alors, on s'en fout, y a plein d'autres solutions ! Si tu trouves pas de job, tu vas au pair, ou tu fais du WWOOFing, tu gagneras pas de sous mais tu te ruineras pas non plus. Et au pire, t'as assez de sous de côté pour tenir plus de trois mois dans ton auberge de jeunesse actuelle, en mangeant à ta faim et en visitant les alentours."

Sauf que mon moi qui s'endort et qui abaisse ses barrières mentales flippe. Le WWOOFing, j'ai pas envie, et c'est pas pour plusieurs mois, et je serai loin de tout alors que je veux rencontrer du monde, je veux gagner des sous pour être sûre de ne manquer de rien (grosse névrose chez moi, je sais pas pourquoi)(oui dites-le : je suis radine), j'ai pas envie de passer deux ans d'économies en deux mois juste pour me loger alors qu'il y a tant de choses à voir.
Et, par-dessus tout, j'ai envie d'avoir un endroit à moi où je peux laisser exploser ma valise tranquillement sans que de nouveaux inconnus arrivent dans mon dortoir chaque jour. J'ai envie de me poser, même pour quelques mois, avec des gens avec qui je peux tisser des liens. Des colocs, des collègues. J'ai envie de découvrir le mode de vie néo-zélandais à travers une vie normale qui ne sonne pas trop backpacker.

J'ai toujours mal aux reins. Mais je crois que ça s'améliore. Je bois comme un trou, je passe ma vie à courir aux toilettes, mais ça va mieux. Quoi ça vous intéresse pas. Vous-mêmes. J'ai dit que je ne cacherai rien de mon expérience, alors je ne cache rien. J'ai envie de garder une trace de ce que je vis ici, de comment je le vis. Et si ça peut servir à certains futurs PVTistes, alors go for it.
De tout ce que j'ai pu lire, rien n'est comparable à ce que je suis en train de traverser. Normal vous me direz, c'est un truc un peu personnel. Mais quand même. Soit les gens sont bien moins prise de tête que moi (ce qui ne m'étonnerait pas), soit ils ont minimisé l'impact du dépaysement pour ne pas effrayer les gens qui voudraient faire pareil.
Je suis terrifiée. Et mes roommates sont terrifiées aussi. Xiao Rin est partie aujourd'hui. Comme elle n'a trouvé ni job ni rien du tout, elle a échoué chez une amie à elle qui étudie à Auckland. Ni Stefanie ni moi n'avons la chance d'avoir des connaissances dans le coin. Nous sommes seules pour de vrai.

Bon, en fait je ne suis qu'à moitié seule, Work n Holiday est là. J'avais pensé qu'avec la réunion d'hier et celle à venir cet après-midi, mon angoisse me ficherait la paix cinq minutes. C'était sous-estimer ma capacité à me faire des films.

Tellement de choses me passent par la tête.
La certitude que je n'ai pas les épaules pour ça, que je ne m'y suis pas assez préparée, suivie de la certitude que personne n'a les épaules ni la préparation nécessaires avant de vraiment le vivre et savoir ce que c'est. C'est un peu Darwin : tout le monde peut venir ici, et à chacun de se forger ses propres épaules pour survivre au début. Ou craquer et rentrer chez soi.

Je peux rentrer chez moi n'importe quand. Sauf que je ne le ferai pas. 
Pas avant cinq mois minimum. Je m'y refuse. La Nouvelle-Zélande est mon rêve depuis plus de deux ans, j'ai travaillé dur pour y arriver, alors je ne vais certainement pas baisser les bras quatre jours à peine après mon arrivée. Si je n'étais pas préparée à l'impact du changement, je suis prête à prendre n'importe quel job. Même si ça implique de retomber dans le service, ou de récurer des chiottes. Je ne me laisserai pas submerger par toutes ces craintes. 

Alors en me levant, ce matin, à 6h40, je suis allée me doucher. Et j'ai pleuré.
Beaucoup. J'ai pas eu besoin de beaucoup d'aide, en fait j'avais simplement "Ne retiens pas tes larmes" d'Amel Bent (SHHHHH, moi aussi j'ai honte) qui tournait en boucle dans ma tête. J'ai pas retenu. J'ai tout laissé sortir. J'étais même pas spécialement triste, mais c'est le seul moyen efficace que j'ai trouvé pour évacuer la pression. 
Je pleure rarement à chaudes larmes. Je chougne très souvent, par contre. Quand je suis en colère, émue ou whatever, devant un épisode de Grey's anatomy par exemple, y a presque systématiquement une petite larme qui coule. Pas ma faute, c'est directement relié à mes nerfs et j'ai beau m'entraîner, je le contrôle pas. Bref, et donc là, j'ai juste éclaté en gros sanglots pourris, du type qui te laissent le nez rouge et coulant. J'ai tout évacué, et je suis sortie de la douche plus calme, vidée... et j'ai skypé mes parents.


Je ne dirai pas que j'ai honte de déjà les appeler alors que je ne suis même pas partie depuis une semaine. Mais avoir un besoin si urgent de leur parler m'a fait me sentir comme un gros bébé qui veut sa manman même si, avec le recul, je me rends compte que c'est exactement à cause de ça que je suis partie loin : m'obliger à ne plus compter sur mes parents et à me débrouiller seule pour de vrai. Bon, je le faisais déjà, mais leur présence à côté me rassurait et m'aidait beaucoup. Alors que je pleurais comme une gamine, devant mon écran, en plein milieu du lobby, ça m'a confortée dans ma décision de partir pour couper ce cordon indestructible.

Leur parler m'a fait un bien fou.
On a beau dire, les parents sont la voie de la raison. Ils savent comment te sortir de ta spirale de panique et remettre les choses dans leur cadre. Oui, je vais trouver un boulot. Oui, ça va sans doute prendre un peu de temps. Non, c'est pas grave. T'as un toit pour les deux prochaines semaines et tu peux prolonger encore, au pire. Tu es fatiguée, pas encore remise du décalage horaire. Pense à ta santé d'abord. Chaque chose en son temps. D'abord, te remettre d'aplomb. Ensuite, chercher un boulot en terminant tes papiers. Visiter un peu, tant qu'à faire. Et si dans deux semaines tu n'as rien, donne-toi deux autres semaines.

Et, alors que je leur parlais, j'ai eu deux grosses révélations.

La première, c'est qu'être au pair ne me dérangerait pas plus que ça. Faire du WWOOFING non plus. Et c'est facile à trouver, alors tant pis si je ne peux suivre le cadre que je m'étais fixé (à savoir : trouver un job sur Auckland pour trois, quatre mois).

La seconde, c'est que je ne resterai pas aussi longtemps que prévu en Nouvelle-Zélande. 
Je comptais y rester neuf, dix mois, et finalement ça s'approchera plus des sept. Un mois pour trouver du travail et commencer, poursuivre ce travail jusqu'à la mi-janvier ou fin janvier. Deux semaines pour partir un coup en Australie (ou trois, selon les finances), peut-être une semaine aux Fiji (soyons fous, j'aurais pas d'autre occasion). Et, mi-février, tout lâcher et partir en road-trip autour de la Nouvelle-Zélande, avec le Chaboudin qui va m'y rejoindre exprès (cadeau des 20 ans, un tiers du billet d'avion. Sympa la sœur, hein ?) pour un mois minimum. 
Et rentrer ensemble début avril.

À dire vrai, et après y avoir bien réfléchi et en avoir discuté avec mes roommates et les gens de l'agence, je ne vois pas l'intérêt de rester plus longtemps en Nouvelle-Zélande, une fois que j'aurais vu tout ce que j'aurais à voir. Mon but, à l'origine, est de découvrir un nouveau mode de vie (ce que je vais faire les quatre premiers mois), et surtout de découvrir le pays. Une fois que j'aurais tout fait, je ne me vois pas tenter de retrouver un travail, alors qu'il n'aura plus rien à financer derrière. Après tout, dans la description du WHV par le gouvernement néo-zélandais, ça dit clairement qu'on est là d'abord pour voyager, et travailler pour se payer le voyage.

Ça serait le scénario idéal. 
Dans la pratique, ça risque d'être un peu plus tendu, parce que si je me retrouve au pair ou en WWOOFing, gagner des sous sera un peu compromis. Au pire, on fera un croix sur les Fiji et sur certaines destinations de l'île sud, hein. Ou alors j'irai faire quelques jours de fruit picking histoire de pouvoir payer l'hôtel. Haha. 

Bref. Même si ça ne se passe pas comme ça, je me suis recadrée. Je sais où je veux aller, à défaut de savoir où je vais vraiment.
Et rien que ça, avoir un but, c'est déjà beaucoup.


J'ai passé le reste de la matinée à discuter avec Stefanie. Et j'ai eu la surprise de la voir pleurer, elle aussi, alors qu'elle paraissait tellement relax hier. On parle d'une meuf qui a déjà fait un WHV en Australie quand elle avait tout juste 18 ans et qui part tous les ans dans le Wisconsin faire des camps d'été. Qui est Écossaise. Donc qui a l'habitude de partir loin et seule.
En fait, elle est aussi perdue et angoissée que moi. Ça fait du bien de réaliser qu'on est tous dans le même bateau, même avec différentes expériences derrière nous. On partagera nos ulcères, rhârhâ.

Demain, je change d'auberge de jeunesse. J'ai finalement trouvé un nouveau toit en la présence de Silverfern backpackers, à deux rues de là où je me trouve, pour deux semaines. Pour la modique somme de 348 NZD, soit environ 220 €, j'ai pu avoir accès à un dortoir non mixte de 6 personnes. J'aurais qu'un giga d'internet par SEMAINE.
Les kiwis sont vraiment des gros radins du WiFi. 


La réunion de cet après-midi chez Work n Holiday ne m'a rien appris de nouveau. Je sais déjà comment chercher correctement un boulot, question d'habitude de galérien du CDD. Si ce n'est qu'il faut en moyenne trois semaines pour trouver quelque chose, ici. Ça me paraît énorme. 
Mais ainsi soit-il.

En fait, si, ça m'a appris une chose, un peu genre révélation : je considère avec davantage d'intérêt l'option du pair. Mais si j'aime les enfants, allons, je suis faite pour ça. Je leur apprendrai à dessiner, peindre, se battre à l'arme blanche, faire des batailles de nourriture, ça sera fun.
Ça me paraît la meilleure alternative, si je ne trouve pas de travail rapidement. M'occuper des enfants, être dans une famille de kiwis, passer Noël en famille, avoir deux jours de libre et un peu d'argent de poche. Argent de poche qui équivaudrait, selon mes calculs, à ce que je pourrais économiser si je travaillais à temps plein, un peu au-dessus du salaire minimum, avec un loyer et de la nourriture à payer. 
Alors why not.


Bref. On verra bien.
Au moins je vais bien dormir, ce soir.
Dites-donc, il est 22h, j'ai explosé (explosey) mon record ce soir ! Je crois bien que je l'ai enfin niqué, ce jet lag !
(Si mes nouvelles roommates chinoises pouvaient avoir la décence d'éteindre leur putain de lumière AVANT de s'endormir et pas demain matin, ça serait parfait.)



• Fun facts :
Toute la journée, la Nouvelle-Zélande a hm... tenu à me réconforter.

Premier signe : la musique de la vidéo promotionnelle de Stray.
C'est la même que celle utilisée par mes managers, cet été, pour la vidéo souvenir du staff. Et c'est loin d'être une musique connue.
Stray, c'est une compagnie de bus qui a des offres de pass hop-on hop-off plutôt méga intéressantes dont je compte profiter (mais je reviendrai sur cette compagnie géniale dans les jours à venir). 








Second signe absolument incroyable : la tronche de la pièce de 50 cts. Celle-là, c'est définitivement le destin qui me l'a amenée, j'en ai d'office fait mon porte bonheur.
Quelles étaient les chances pour que ça arrive, sérieux ?

















Troisième signe unbelievable : parmi les réseaux WiFi qu'on capte à l'agence...



<< Y A RIEN QUI VOUS CHOQUE ? (pour ceux qui me connaissent pas, Luka est le nom de l'héroïne de mon roman. Elle navigue sur l'Endeavour, ahahem)
















Quatrième signe : au petit-déjeuner ce matin, un Allemand au téléphone répétait en boucle "genau". Manquait plus qu'un petit "posey" et "aights" et on était bon.

Cinquième signe : j'ai craqué. Je voulais attendre, mais elle me faisait de l'œil.


Elle est trop belle, hein ? Y a même le nom maori de la Nouvelle-Zélande,
qui signifie "le pays du long nuage blanc".





Auckland, premières impressions

• Jour 1
Samedi 13 septembre

Auckland est une ville bizarre.

Il y a d'un côté l'émerveillement, quand le hublot dévoile les premières parcelles de terres vallonnées de l'île nord, toutes verdoyantes et déjà tellement Middle-earth, qui te murmurent "tout va bien se passer, tu verras" ; l'entrée dans l'aéroport, où les gens te demandent comment tu vas, d'où tu viens et espèrent que tu te plairas dans leur beau pays ; cette espèce de porte maori absolument incroyable ; ce monsieur dans la navette qui t'assure qu'avec un anglais excellent comme le tien, et vu la période, le boulot, ça sera easy à trouver (tankiou verimuche seur) ; le Starbucks à 3€ le Tall ; les cris des mouettes qui résonnent dans les rues ; le Skycenter, qui symbolise à lui seul toutes ces heures passées à rêver la Nouvelle-Zélande ; l'accent chatoyant qui transforme "ten" en "tin" et "day" en "die" ; les roommates chinoises trop chou qui te proposent d'emblée de les accompagner au musée ; les silhouettes de vieux volcans éteints qui se dessinent là où on ne les attend pas ; toutes ces perspectives que tu entraperçois furtivement avant de laisser la place à d'autres.


La porte en question


De l'autre, il y a les contrôles douaniers incroyablement relous, les menaces d'amende en grosses lettres noires sur fond jaune, répétées tous les dix mètres, si tu importes de la nourriture, des affaires de rando ou des médicaments, parce qu'on plaisante pas avec les microbes qui pourraient exterminer leurs espèces endémiques ; ce temps qui change à plus grande vitesse que celui d'Islande et qui te fait rentrer trempée parce que, 1h avant, il faisait grand beau alors la veste, walou ; cette ribambelle ininterrompue de restos coréens/japonais/chinois/viêtnamiens qui se déroule tout le long de Queen Street sans laisser la place à un magasin normal parce que j'ai oublié ma brosse à dents ; l'ambiance polaire de l'auberge de jeunesse, où on t'ignore complètement malgré tes bonjours et tes sourires (alors qu'ailleurs, c'est plutôt chaleureux) et où les mecs de la réception sont blasés de tout ; cette impression de ne pas être à ta place dans la rue quand tu marches ; la radinerie du wifi, qu'il faut systématiquement payer si on veut se connecter plus de trente minutes ; l'atmosphère un peu je-sais-pas-trop-si-je-le-sens-en-fait qui se dégage du centre ville qui te fait te souvenir qu'à la base, les villes c'est pas ton kiff ; tous les jeunes de l'auberge qui ont l'air de galérer pour trouver de quoi bosser et se loger... qu'est-ce que je fous là.




• Jour 2
Dimanche 14 septembre

Je pisse du sang.

Et non ce n'est pas une façon de parler. Je pisse vraiment du sang, c'est orange là-dedans, j'ai mal aux reins. Bien sûr, tu m'étonnes, 30h de vol en avion avec la fatigue et le stress qui l'accompagnent, ça devait arriver. Comme d'habitude. Je supporte pas 5h de train, pourquoi je supporterai 30h d'avion. Pfrt, fuck off les reins, vous me chiez dans les bottes, voilà.
J'espère juste que c'est temporaire. J'ai pas envie de commencer mon séjour par une semaine à l'hôpital, alors je bois de l'eau. Beaucoup d'eau. Dans des bouteilles dont le plastique a été fabriqué à partir de plantes, because "at Charlie's, we care about our planet".
Sounds good.

Je me suis endormie à 17h, après avoir lutté le plus possible contre le sommeil dans l'espoir de me caler rapidement. Ça a marché, je me suis réveillée à 8h ce matin. Pas mal, hein, la nuit de 15h ? Mes roommates, qui sont en fait une Chinoise (Xiao Rin), une Coréenne (May) et une Écossaise (Stefanie) m'ont proposé de les accompagner au musée d'Auckland, qu'elles n'avaient pas fini de visiter la veille. Dans ma tête, j'ai répondu que les musées c'est pas mon kiff, que de toute façon je suis crevée j'ai mal aux reins laissez-moi je veux me morfondre sur mon malheur.
En vrai, j'ai accepté avec plaisir, parce que je me sens perdue, seule, qu'on est dimanche et qu'il pleut. Go for the museum, then.

Et en fait, il était vraiment chouette. Après vingt bonnes minutes de marche dans les rues vallonnées d'Auckland, être passées dans un charmant parc aux allures de forêt tropicale et s'être pris la pluie sur la gueule (étonnant), on a pu admirer l'art et l'histoire maori, monter au deuxième étage voir la faune et la flore (avec des kiwis empaillés tous les trois mètres)(et des weta aussi, quelle horreur), la géologie aussi avec touuuut un espace amazing réservé aux volcans (y a même un simulateur "et si soudain un volcan entrait en éruption dans l'eau entre Auckland et Rangitoto ?")(qui finit par une grosse pub "achetez ce livre pour savoir quoi faire en cas d'éruption inopinée")


Le weta. Coucou.

Je disais quoi ?
Ah oui. Le deuxième étage. Je l'ai surkiffé. Le troisième était aussi super intéressant, consacré exclusivement à la guerre. Guerres mondiales, guerres territoriales, les maoris qui adoraient se foutre sur la gueule, tout ça. Cool, mais on a fini par écourter, déjà parce qu'on avait faim, ensuite parce qu'on était franchement crevées et qu'il fallait se taper les montées-descentes en sens inverse. Et puis j'ai eu vraiment peur, à ce moment précis, de faire une colique néphrétique. À mon avis, j'en étais pas loin du tout, j'en ressentais tous les prémices.
Au retour, on est passé par le Lover's path, un chemin qui s'enfonce dans une petite forêt tropicale puissance mille, avec des silverferns partout, c'était magique. Et non, pas de photo, je luttais pour ma survie rénale. Et devinez quoi ? il pleuvait.

Et là, pas moyen de lutter, je suis tombée à 16h20. J'ai même failli louper l'anniversaire de ma copine Ienny. Jet lag de merde.



• Jour 3

Lundi 15 septembre

Mais qu'est-ce que je fous là ?

La question tourne en boucle dans ma tête depuis que je me suis réveillée comme une fleur à 3h40. Je n'aime pas trop la ville, je suis toujours perdue, toujours seule et, comme j'ai eu la bonne idée de regarder les sites de PVTistes et autres blogs avant de dormir, mon angoisse a augmenté d'un cran. Je n'arriverai jamais à faire toutes les démarches toute seule.
On m'a souvent répété que j'étais courageuse d'oser partir seule comme ça aussi longtemps. En fait, je ne suis pas courageuse. Je suis inconsciente. Je n'ai pas ce qu'il faut pour réussir. Je n'y arriverai pas. Je veux rentrer chez moi. J'ai envie de vomir. Et j'ai mal aux reins.

J'ai sauté du lit à 7h, après m'être miraculeusement rendormie, pour me préparer pour mon rendez-vous chez Work N Holiday. Depuis mon arrivée, je me répète qu'il ne sert à rien de paniquer tant que je n'y suis pas allée, que ça va bien se passer...
Je suis arrivée dans les bureaux, au dixième étage d'un building en plein centre ville, et y a eu, je sais pas, un déclic. Ça respirait tellement la sérénité, le calme, la confiance... J'ai été accueillie par Marine, une Belge qui, comme moi, est en Working Holiday Visa (et a eu la chance du siècle en trouvant un job dans cette agence).

Et la lumière fut.
Aucun problème pour ouvrir un compte bancaire, puisque mon pack Job Assistance (ouais je suis pas partie trop seule non plus hein, mais avec Languages and Travel) prend tout en charge. En outre, j'ai déjà une adresse de résidence : celle des bureaux. Non, je ne vais pas y planter ma tente (de toute façon j'en ai pas), mais pour la banque, c'est l'info manquante pour me permettre d'ouvrir un compte. D'ailleurs, eh, il est déjà pré-ouvert, ton compte. T'as plus qu'à aller à la banque après la réunion pour signer des papiers et obtenir ta carte.
BORDEL, je respire. Pour ce qui est du numéro IRD, il faudra attendre mercredi matin pour faire les démarches. Il me manque mon permis de conduire international, ce qui signifie que je dois prendre rendez-vous directement aux bureaux.
Suite à ça, on a beaucoup parlé. Pendant deux heures et demie, en fait. Que voir en Nouvelle-Zélande (réponse : absolument tout), comment le faire sans se ruiner, acheter une voiture, le problème du Soleil (coucou on est sous le trou de la couche d'ozone, sans protection t'es brûlé au 2° degré en 7 minutes, trop cool). Ça met du baume au cœur, ça remotive, et ça va mieux. J'envisage même d'enfin faire une vraie visite du centre ville mais non, toujours jetlaguée et souffrante, ça attendra.

Je vais pas m'éterniser sur le détour à la banque. La Japonaise qui s'est occupée de moi était over-sympa, tout a été réglé en une demi-heure, j'ai pu envoyer mes détails de compte à mes parents pour qu'ils m'envoient le reste de mon argent.
J'ai bien essayé, avec cet optimisme renaissant, de manger un bout. Peine perdue, j'ai pas fini mon menu au Mac Do. Bon. Pas grave, j'ai toujours la gerbe et l'appétit coupé quand il y a un grand changement dans ma vie.
En l'occurrence, celui-ci est le plus grand qui me soit jamais arrivé.


Je me sens mieux, mais un nouveau problème se pose : 
dans deux jours, j'ai plus nulle part où dormir.




Le saviez-vous ?

• Auckland est construite sur un champ de volcans éteints. J'ai lu 49 quelque part. Du coup, quand je dis que c'est vallonné, c'est vallonné pour de vrai. J'en pouvais plus de la vie.
• L'eau est en supplément, ici, dans les menus du Burger King et du Mac Do. Dis donc, bâtards.
• Les silverferns, en fait, c'est l'emblème de la Nouvelle-Zélande. Avec les kiwi, les maoris et tout. On la retrouve partout, sur le maillot des All-Blacks, sur le passeport Néo-zélandais... En fait c'est une fougère qui pousse en masse, verte dessus, argentée dessous. C'est banal, mais c'est beau, et ça revêt un petit côté magique parce que c'est l'emblème national.